Le pays était à la peine pour trouver un nouveau modèle économique. L’esprit des réformes nous a manqué autant que l’initiative des réformes nous a tétanisés. L’urgence des réformes nous a rattrapés. Tout plaide en faveur d’une logique de rupture pour réformer l’environnement de l’entreprise.
Ce matin de vendredi 7 décembre 2018, le pays s’éveille avec la tenue de la 33ème édition des Journées de l’entreprise, rendez-vous annuel de l’IACE avec l’économie, ses opérateurs, les pouvoirs publics de même que le monde du travail.
Les organisateurs ont opté pour la thématique des réformes de rupture en faveur de l’entreprise. Ce faisant, ils se mettent en ligne avec l’appel de l’entreprise, de ses dirigeants, de ses ressources humaines et de son actionnariat pour activer les réformes du système de ses codes et de ses pratiques.
A la direction de l’IACE, on croit comme fer que tout doit passer à la moulinette de la réforme. Le code d’investissement, celui de la fiscalité, de même que celui du change et de celui du travail.
L’actualité nationale nous le rappelle au quotidien. Le pays est dans l’impasse. Il s’installe dans la morosité et le fatalisme économique. Trop c’est trop ! Et les Journées de l’entreprise arrivent pour poser le problème sur la table. Oui, l’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprise) vient rappeler que le problème ne saurait attendre. Oui, il faut provoquer un débat national.
Attention, les sirènes alarmistes fusent de toutes parts. Le pire n’est jamais sûr mais il pointe le nez dans le cas de la Tunisie. Et le sujet est un souci d’ordre national. Le pays a tant cherché, sans aboutir, à trouver la passerelle pour transiter vers un nouvel ordre économique. Dans l’intervalle, l’anti-économique a frappé de toutes parts. Et l’accumulation des contreperformances a mis l’entreprise dans une tourmente sans précédent.
Alors question à 1 milliard de dollars : Le pays peut-il laisser envoyer au bûcher sa cellule vitale?
Un environnement caduc, obsolète, sans horizon
La chute du pays dans les classements internationaux -Doing Business, compétitivité- proviennent de l’éclipse que l’on a imposé à l’entreprise. Cette dernière a été la cheville ouvrière de l’amorce d’émergence économique que nous avons connue au début des années 2000. Puis la crise financière a frappé en 2009. Elle fut relayée par les événements qui ont suivi le 14 janvier 2011.
Et, depuis, l’entreprise est passée à la trappe de la transition démocratique. Tous les partenaires revendiquent, à gorge déployée, des droits et personne ne vient rappeler ceux de l’entreprise. Quand on veut toujours plus et si l’on veut aller loin, la sagesse recommande de ménager sa monture. Cela tombe sous le coup du sens et de la nécessité.
Cette édition de Journées de l’entreprise vient nous le rappeler. Il faut s’y atteler. L’Etat s’est défaussé sur l’entreprise de tous ses errements de planification, de déficit des finances publiques, d’archaïsme de la gestion macroéconomique. L’entreprise, étouffée par tant de laisser aller, appelle au secours. Le pays fait pourtant la sourde oreille, en ajustant de ci de là quelques mesurettes sans consistance et sans conséquences. On est coupable d’outrage à l’entreprise quand on l’abandonne à un processus de mort lente, sans lui porter assistance, alors qu’elle crie qu’elle est à l’article de la mort.
On a trop longtemps et avec cynisme regardé l’entreprise comme un butin et une proie autant pour l’Etat que pour les autres partenaires sociaux. Et l’ennui dans tout cela est qu’on la ligature de toutes parts, empêchant qu’elle se donne la réactivité nécessaire.
Ils sont plus de 75% à dénoncer l’anachronisme de l’administration. Et dans la foulée, ils fustigent les archaïsmes du cadre légal dans son ensemble. Cela va du financement, à la fiscalité, à l’absence de flexibilité et par-delà à toutes les rigidités qui paralysent les ressorts de réactivité de l’entreprise.
Le système est obsolète, il doit se mettre à jour et s’aligner à l’ordre de marche du XXIème siècle.
Des projets de réformes en cascade
L’IACE a toujours été à l’écoute des nécessités économiques du moment et au chevet du système, dans son ensemble. Ce think tank a toujours alimenté le débat national avec des contributions précieuses.
Ainsi en est-il de l’opportunité d’instaurer un dialogue entre les pouvoirs publics et le monde de l’économie. Le cadre du dialogue national y répond, partiellement. L’IACE a rappelé à l’intérêt d’accélérer la marche de la numérisation de l’économie. Elle a été écoutée, là encore sans grand effet.
Le Start Up est sur pied. C’est utile mais ce n’est pas du tout suffisant.
Le PPP a fait l’objet d’études approfondies et variées. On attend toujours le déclic. Et bien d’autres sujets brûlants ont été abordés avec une approche pragmatique et la transe révolutionnaire les a marginalisés.
Pourtant, les recommandations de l’AICE sont toujours mûries avec des contributions internationales de toute première importance. Les échanges ont toujours été de haute facture. Et de forte intensité émotionnelle. L’on se souvient de cet échange vif entre Houssine Abassi et Wided Bouchamaoui lors d’un face à face, modéré par Chekib Nouira. Cela les a menés loin, et même jusqu’au NOBEL, deux ans plus tard.
Les JE sont aussi une tribune de bonne fortune, Mehdi Jomaâ y est intervenu et deux mois plus tard, se retrouvait chef du gouvernement. Pareil pour Ben Mabarek et Omar Béhi. Aujourd’hui espérons que les JE seront la tribune à partir de laquelle la cause de l’entreprise sera entendue. Et suivie d’effets.
WMC vous promet une couverture complète et en continu du déroulement de ces journées en continu.
Ali Abdessalam