Les moyens de renforcer la coopération entre la Tunisie et la Jordanie et l’échange de vues sur un certain nombre de questions régionales et internationales, ont été au centre de la séance de travail tenue jeudi soir à Tunis entre le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, et son homologue jordanien, Ayman Safadi.
Le chef de la diplomatie jordanienne a souligné, dans une déclaration commune à la presse au terme de la réunion, que le prochain Sommet arabe prévue en Tunisie à la fin de mars 2019 est “une étape importante dans le processus de renforcement de l’action arabe commune et pour mettre fin aux crises qui ont causé beaucoup de dégâts, la destruction et la souffrance des peuples de la région”, soulignant l’importance de trouver des solutions politiques “le plus tôt possible”, que ce soit en Syrie, au Yémen ou en Libye.
Il a affirmé qu’il doit y avoir un rôle arabe plus efficace dans la résolution de ces crises, soulignant que la Jordanie, qui se trouve au cœur de la plupart de ces crises du fait de la géographie et du voisinage, s’attache à sa position de principe pour une solution politique préservant l’unité de la Syrie, sa cohésion et rétablissant sa sécurité et son bien-être.
Safadi a ajouté à propos des relations bilatérales qu’il a “réaffirmé à la Tunisie le souci de sa Majesté le Roi Abdallah II et son engagement envers le développement des relations tuniso-jordanienne et transmis un message clair que la Jordanie a été et restera favorable à la transformation démocratique en Tunisie en tant que modèle que nous chérissons tous”.
“Nous avons des grandes relations fraternelles historiques et nous marchons vers l’avenir qui verra plus de coopération et de coordination dans la mise en œuvre de la vision des dirigeants des deux pays”, a-t-il affirmé.
Il a rappelé “l’action de coordination et l’unité des visions entre la Tunisie et la Jordanie en ce qui concerne la sécurité et la stabilité des deux peuples frères et de la région dans son ensemble et l’approche démocratique pluraliste qui respecte le droit à vivre dans la liberté et la dignité”, tout en insistant sur le renforcement de la coopération mutuelle dans les divers domaines tels que la défense et la sécurité face à la menace du terrorisme.
En ce qui concerne les relations économiques, Safadi a exprimé le désir commun de développer ces relations par le biais de plusieurs accords signés par les deux pays, soulignant les efforts communs pour la signature d’autres accords nécessaires pour accroître la coopération dans tous les domaines et ouvrir des perspectives pour le secteur privé dans les deux pays.
Il a souligné également la nécessité de tirer parti de l’emplacement stratégique des deux pays, la Tunisie constituant une tête de pont vers l’Afrique et d’autres pays, tandis que la Jordanie est la porte menant vers le Machreq arabe et la plupart des grands marchés.
Le ministre jordanien des AE a noté, en ce qui concerne les questions régionales, que la poursuite de l’occupation et l’absence de perspectives, constituent la plus grande menace pour la sécurité et la stabilité de la région, et que l’escalade israélienne dans les territoires palestiniens n’a conduit qu’à plus de dévastation, de violence et de tension. Il souligné à cet égard que les incursions et l’escalade d’Israël en Cisjordanie occupée sont condamnables et inacceptables, appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités en matière de protection du peuple palestinien.
Pour sa part, Jhinaoui a indiqué que la réunion a porté sur des dossiers portant sur la coopération bilatérale, en particulier les moyens de renforcer la coopération de sécurité entre les autorités compétentes de la Tunisie et de la Jordanie devant les défis et risques auxquels fait face la région, faisant état de l’accord entre les deux parties sur la nécessité de renforcer cette coopération.
“La réunion a également examiné les domaines du commerce et de la coopération économique” , a-t-il précisé, affirmant avoir assuré à son hôte le désir d’intensifier cette coopération et de renforcer et d’élargir ses domaines au moment où la Tunisie mène des réformes importantes et souhaite voir contribuer les frères Jordaniens à la diversification des échanges commerciaux entre les deux pays, et de tirer profit des lois et des mesures que la Tunisie œuvre à développer avec les différents espaces de la région, à l’instar des espaces européens et africains.
Le chef de la diplomatie tunisienne a indiqué que l’importance de la réunion réside dans le fait qu’elle intervient à un moment où la région connaît nombreux développements dans le cadre, dont la préparation de la Tunisie d’accueillir la 30e session du sommet arabe à la fin de Mars 2019. Il a insisté sur l’action menée avec son homologue jordanien et d’autres ministres des Affaires étrangères des pays arabes pour plus de concertation sur l’ensemble des questions qui préoccupent la région, en particulier la cause palestinienne, afin de rétablir cette cause sur l’échiquier politique international et de défendre le droit du peuple palestinien à établir son Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale.
Il a évoqué aussi le concordance des points de vue sur les dossiers syrien, yéménite et libyen, et la nécessité d’accélérer une solution pacifique à ces différentes crises afin que ces pays retrouvent leur position sur la scène arabe et d’activer leur rôle pour permettre à la nation arabe de promouvoir les bases du développement et de la vie décente.
Au cours de cette réunion, les deux ministres ont signé un protocole d’entente sur les consultations politiques entre la Tunisie et la Jordanie.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères et des Expatriés effectue une visite officielle en Tunisie les 13 et 14 décembre, à l’invitation du ministre des Affaires étrangères Khemais Jhinaoui, dans le cadre de la deuxième session du Comité de réflexion et consultation politique entre la Tunisie et la Jordanie. Ayman Safadi aura au cours de cette visite une série d’entretiens avec un certain nombre de hauts responsables tunisiens portant sur la relance de la coopération entre les deux pays.