Au terme de quatre années de travail dans un contexte parfois hostile, l’Instance Vérité et Dignité (IVD) a su mener à bien sa mission et réussi à démanteler le système de corruption et de tyrannie dans le pays. C’est en tout cas ce qu’a affirmé, vendredi 14 décembre, la présidente de l’Instance, Sihem Ben Sedrine.
S’exprimant à Tunis lors de la Conférence de clôture des travaux de l’IVD, Ben Sedrine a indiqué que le démantèlement du système de corruption serait bien à l’origine de la colère de plusieurs parties qui ont “tenté de compromettre le processus de la justice transitionnelle. Mais leur combat contre l’IVD est perdu d’avance”, a-t-elle poursuivi.
Ben Sedrine a présenté les premières recommandations de son instance pour que ces atteintes ne se reproduisent plus, citant à ce propos la réparation des victimes, la protection du processus de redevablité, l’archivage de la mémoire collective et la réconciliation nationale.
La présidente de l’IVD a passé en revue les spécificités de l’expérience tunisienne en matière de justice transitionnelle, faisant état d’un lien étroit entre la violation des droits humains et la corruption financière.
“Affaires d’assassinats, de disparations forcées, de viols, d’exils, de corruption ont été étudiées à travers plus de 60.000 dossiers collectés”, a-t-elle noté.
Elle a souligné regretter l’absence des représentants de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), de la présidence du gouvernement et de la présidence de la République à cette conférence de clôture, estimant que les trois présidences hésitent encore à faire respecter les dispositions de la Constitution.
De son côté, le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Youssef Bouzakher, a réaffirmé l’engagement de la justice à saisir les affaires soumises aux chambres spécialisées en justice transitionnelle conformément à la loi en vigueur.
“Le CSM va jouer pleinement son rôle pour parachever le processus de la justice transitionnelle”, a-t-il promis.
Pour la représentante du Haut commissariat aux droits de l’Homme en Tunisie, Teresa Albero, le processus de justice transitionnelle en Tunisie a bien respecté les standards internationaux en la matière, citant à titre d’exemple, la réparation des victimes, la réforme de la justice et de l’appareil sécuritaire outre l’aboutissement à une réconciliation nationale.
La première séance de la Conférence de clôture des travaux de l’IVD (14-15 décembre) s’est déroulée en présence des chefs de partis, des présidents d’instances nationales, des défenseurs des droits humains ainsi que des victimes des violations.
Elle sera ponctuée par la présentation du rapport final de l’Instance qui dresse les défis du processus de la justice transitionnelle après la fin du mandat d’exercice de l’Instance et définit les responsabilités dans la mise en œuvre des recommandations issues du rapport.