“Quelque 13.546 migrants tunisiens ont atteint les côtes italiennes entre 2015 et 2018”, a fait savoir Messaoud Romdhani, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Lors d’une conférence de presse tenue au siège du FTDES à Tunis, vendredi 14 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, Romdhani a souligné qu’un rapport réalisé dernièrement par le Forum a révélé que ce nombre connaît une hausse d’une année à une autre puisqu’il se limitait à 569 migrants en 2015 contre 6.006 migrants en 2018 (de janvier à fin novembre 2018).
Selon lui, il y a aujourd’hui plus de migrants mineurs non accompagnés (1.028) contre 120 mineurs accompagnés et 138 femmes.
Romdhani a, en outre, souligné que les autorités sont parvenues à mettre en échec 13.158 tentatives de migration irrégulière depuis 2015 jusqu’au 10 décembre 2018.
Le président du FTDES a fait remarquer que la Tunisie occupe la première place au niveau des rapatriés forcés avec un taux de 95% en 2017, suivie du Nigeria 89%, l’Egypte (69%) et le Maroc (44%), précisant qu’au cours de ces trois dernières années le nombre de rapatriés tunisiens a atteint les 4.385.
Il a également indiqué que la Tunisie occupe la première place au niveau des migrants détenus dans les centres de détention italiens avec 6.151 migrants, ce qui représente 89% du total des migrants arrêtés par les autorités italiennes en 2017.
Par ailleurs, le président du FTDES a fait observer que le rapport a démontré que, depuis le début de l’année et jusqu’au mois d’octobre 2018, sur 42 migrants qui atteignent les côtes libyennes 5 trouvent la mort.
Dans ce contexte, il a réaffirmé l’attachement du FTDES à la garantie du droit de mobilité à l’intérieur et à l’extérieur du pays et du droit de demande d’asile dénonçant les politiques migratoires européennes basées sur le côté sécuritaire.
Il a, aussi, exprimé son rejet de la proposition de certains pays européens à installer des plateformes de migration dans les pays nord-africains.
Romdhani a appelé l’Etat tunisien à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles qui a déjà été signée par l’Algérie, le Maroc, le Niger, l’Egypte et la Turquie.
Présenté lors de la conférence de presse, le rapport note que les autorités tunisiennes adhèrent activement aux politiques européennes de rapatriement de migrants irréguliers et ne s’y opposent pas malgré leur caractère illégal.
Toujours selon ce rapport, les autorités tunisiennes n’ont pas une politique de réintégration des migrants rapatriés et leur rôle se limite à l’application des procédures judiciaires.
Plusieurs recommandations figurent dans ce rapport comme la mise en place d’une base de données des migrants tunisiens rapatriés d’Italie et d’Europe en général, l’implication de la société civile et des médias dans les opérations de rapatriement et la création d’une dynamique entre la société civile italienne et tunisienne pour renforcer le contrôle des politiques migratoires et limiter le rapatriement forcé.
Il s’agit, en outre, de réviser les textes juridiques en rapport avec la question migratoire ainsi que les conventions signées dans ce sens entre la Tunisie et l’UE et la réalisation d’une étude qualitative et quantitative sur le rapatriement forcé des migrants tunisiens d’Europe.