Des défenseurs des droits humains et des victimes de violations ont soumis, à la clôture des travaux de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), vendredi 14 décembre, des propositions à l’instance pour les inclure dans son rapport final et garantir “la réhabilitation et la non-répétition”.
Le secrétaire général du Réseau tunisien pour la justice transitionnelle (RTJT), Houcine Bouchiba, a appelé à la nécessité de créer un Pôle judiciaire de la justice transitionnelle pour trancher les dossiers qui n’ont pas été examinés par l’IVD.
Il a également proposé que l’ancienne prison “9 Avril” ou le Tribunal de première instance de Tunis soient consacrés comme lieux de préservation de la mémoire.
L’ancien président du RTJT, Mohamed Kamel Gharbi, a réclamé la publication de la liste définitive des victimes de violations, l’incrimination de la disparition forcée et des poursuites administratives et policières pour la garantie de la non-répétition des anciennes pratiques.
Ridha Barakati, président de l’association “Mémoire Fidélité” et frère du martyr Nabil Barakati, militant de gauche mort le 8 mai 1987 sous la torture au poste de police de Gaafour (gouvernorat de Siliana), a affirmé la disposition des victimes de pardonner à condition d’obtenir des excuses.
Il a proposé d’instituer une Journée nationale de lutte contre la torture, le 8 mai de chaque année, et de reconvertir le poste de Gaafour en musée de lutte contre la torture à titre de réparation de préjudice moral.
Les participants à cette rencontre ont critiqué le fait de restreindre la justice transitionnelle aux indemnisations et à la réparation, saluant la réussite de l’expérience tunisienne par rapport aux expériences comparées du Maroc et de l’Afrique du Sud où le processus de révélation de la vérité s’est poursuivi pendant des années.
D’autres ont exprimé leur étonnement pour l’absence de certains dossiers dans le bilan de l’IVD, citant les violations commises contre les yousséfistes (partisans de Salah Ben Youssef, homme politique et un des principaux chefs de file du mouvement national tunisien assassiné le 12 août 1961 à Francfort en Allemagne).
Certains intervenants ont dénoncé aussi le fait que des dossiers de structures professionnelles, d’institutions et de partis n’ont pas été soumis aux chambres judiciaires spécialisées en justice transitionnelle.
Les membres de l’IVD ont affirmé que ces propositions seront prises en compte dans le rapport final de l’instance, précisant que le but de cette conférence est d’impliquer tous les intervenants des différentes régions dans l’identification des défis auxquels fait face le processus de justice transitionnelle.
Il s’agit en outre de déterminer les responsabilités des parties qui veilleront à mettre en œuvre les recommandations à publier dans le rapport final de l’IVD.