Le 17 décembre c’était 8ème anniversaire du déclenchement de la première étincelle de la révolution de la liberté et de la dignité, ont affirmé des députés, et que “la révolution est le résultat de plusieurs combats qui ont fini par démanteler le système despotique”.
Selon eux, cette révolte a déclenché des revendications, notamment le droit à une vie décente, mais qui n’ont pas encore été réalisées.
Lors d’une séance plénière, lundi 17 courant, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), les députés ont indiqué que “faire le bilan de huit années de révolution suppose la présence du gouvernement afin de dire la vérité au peuple”, appelant à ne pas “sous-estimer les sacrifices des Tunisiens”.
Mais mesdames et messieurs les députés, n’est-ce vous qui êtes élus directement par le peuple? N’est-ce pas à vous que revient la tâche de faire le bilan? Soyez conséquents et non inconséquents. C’est bien de critique, mais pour un élu du peuple -conscient-, la logique doit primer sur le populisme! Et si vous défendez réellement le peuple, avez-vous une seule fois demandé une baisse de vos émoluments à l’ARP? Soyons sérieux!
Le bureau de l’ARP a décidé de modifier l’ordre du jour de la séance plénière afin de permettre aux députés d’intervenir à l’occasion du 8e anniversaire du déclenchement de la révolution.
Ainsi, a été suspendu l’examen du projet de la loi organique amendant et complétant la loi relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent malgré le fait qu’il a été procédé au début de la séance plénière à la lecture du rapport y afférent par la Commission de la législation générale.
Le député Zied Lakhder (bloc Front populaire) a critiqué l’absence de célébration marquant l’anniversaire du déclenchement de la révolution, rappelant que le peuple “s’est insurgé contre ses conditions de vie, mais il a été entraîné dans des conflits ayant conduit au retour des symboles de l’ancien régime et à la négligence de ses intérêts face aux tiraillements politiques”.
Pour Mongi Rahoui (bloc Front populaire), le gouvernement a choisi de soutenir certaines personnes au lieu de soutenir le peuple, conduisant ainsi à la division de la Tunisie. “La Tunisie est divisée entre ceux qui subissent la pauvreté et la marginalisation et ceux pour qui des articles de la loi de finances sont élaborés en leur faveur”, a-t-il déploré, estimant que les gouvernements successifs et les partis politiques “sont complices dans l’assassinat des rêves du peuple”.
Pour sa part, le député Béchir Khélifi (bloc Ennahdha), a souligné que “la révolution a eu lieu pour contrer la marginalisation, les disparités régionales et le règne des familles, seulement elle peine à réaliser ces revendications jusqu’à ce jour”.
De son côté, le député Habib Khedher (mouvement Ennahdha), a critiqué le fait que la célébration du 17 décembre ne figure pas à l’ordre du jour de la plénière, appelant la présidence de l’ARP à commémorer la date de l’adoption de la Constitution (26 janvier).
Pour Abdelaziz Kotti (bloc Nidaa Tounes), le paysage politique généré par les élections post-révolution n’a pas réussi à réaliser les aspirations des Tunisiens, faisant remarquer que “la Tunisie a échoué dans la réalisation d’une révolution morale et économique pouvant épargner le peuple des menaces du terrorisme et du chômage”.
Selon Fadhel Ben Omrane (bloc Nidaa Tounes), les revendications de la dignité et de l’emploi réclamées depuis le déclenchement de la révolution ne peuvent être réalisées qu’à travers la consécration de la culture du travail et non en organisant des grèves, particulièrement face à la crise économique que connait le pays.
De son côté, le député Ghazi Chaouachi (bloc démocratique) a estimé que les gouvernements qui se sont succédé sont “responsables de l’échec de la réalisation des objectifs de la révolution par manque de programmes clairs capables de changer la réalité des Tunisiens”.
Pour sa part, Samia Abbou (bloc démocratique) a mis en garde contre le fait de “dilapider l’argent public et de procéder à des règlements de compte sous couvert de la religion”, ajoutant que les gouvernements post-révolution n’accordent pas d’importance aux valeurs de citoyenneté et de l’Etat.
Plus tôt dans la journée, le parlement a publié une déclaration à l’occasion du 17 décembre, 8e anniversaire du déclenchement de la révolution dans laquelle il a réaffirmé son engagement à défendre les objectifs de la révolution, notamment la liberté, la démocratie, l’emploi, le développement et la lutte contre la corruption. Il a, en outre, appelé les Tunisiens à être solidaires pour faire face aux menaces du terrorisme.