L’AMCHAM (American Chamber) ne cache pas son optimisme quant à l’avenir des relations économiques tuniso-américaines. Nacer Hidoussi, président de la Chambre «de nature optimiste» comme il se décrit lui-même, en a parlé avec beaucoup d’assurance lors de l’assemblée générale de la Chambre tuniso-américaine de commerce organisée lundi 17 décembre.
Une occasion pour offrir aux membres présents un sommaire des actions réalisées depuis l’élection du nouveau bureau il y a une année et ses projections pour 2019.
Cet optimisme ne vient pas de nulle part, il s’adosse à des actions réelles et perceptibles sur le terrain. A commencer par l’usage fait des 200.000 dollars américains offerts par le MEPI à la Chambre pour la mise en place d’une plateforme pour aider les entreprises, les resauter et les orienter.
Les résultats sont là. Ce montant, destiné à aider 45 entreprises à obtenir des certifications et développer une stratégie efficiente à l’export à destination des Etats-Unis, a été porteur puisqu’aujourd’hui elles ont pu arracher des bons de commandes dans un marché qui n’est pas aisément accessible.
Propulser des jeunes opérateurs aux Etats-Unis, les outiller y compris en labellisant leurs produits pour conquérir l’Amérique est au cœur de la mission de l’Am Cham, sans oublier un apport tangible au niveau de l’encadrement des opérateurs à l’échelle nationale.
La Tunisie figure aujourd’hui parmi les trois premiers exportateurs d’huile d’olive aux Etats-Unis. Elle a obtenu plus de 20 certifications sur les Etats-Unis, ce qui est grandiose. Les acheteurs américains s’y intéressent et la réclament. Les produits tunisiens se frayent un chemin dans les grandes surfaces américaines et sont classés “produits bio de qualité“.
La Tunisie figure également dans le top 5 des exportateurs de dattes aux Etats-Unis et des produits agroalimentaires comme la «harissa» que l’on ne lui apparentait pas auparavant gagnant de plus en plus des parts de marché et s’imposant en tant que produit de terroir apprécié et requis.
L’Am Cham agit également au niveau des réglementations. Ainsi, lors de l’élaboration des lois telle celle de finances, ou encore de la prise de certaines mesures par les organismes nationaux tels la BCT, la Chambre recueille les recommandations de ses membres quant à leur impact sur leurs activités et ça marche car leurs avis ne tombent pas dans des oreilles de sourds.
Il en a été ainsi des taxes établies par la loi de finances 2018 sur des pièces de hardware importées des Etats-Unis et qui pénalisaient les opérateurs nationaux. Grâce au public advocacy et aux campagnes de lobbying menées par la Chambre, les taxes ont été éliminées par la loi de finances 2019.
Par ailleurs, la Chambre a du travail sur la planche quant au renforcement des partenariats tuniso-américains dans le cadre des PPP et loin des investissements dans les énergies fossiles rendus pratiquement impossibles à cause de l’article 13 de la Constitution handicapent pour la plupart des opérateurs. C’est le secteur des énergies renouvelables qui prend le relai.
Nombreuses sont les compagnies américaines qui ont montré leur intérêt au développement de projets d’énergies renouvelables et qui veulent y investir réellement, et l’Am Cham les assiste à travers ses réseaux sur place à ce niveau là.
Rappelons que près de 3.500 produits tunisiens sont exonérés de taxes aux Etats-Unis dont les produits artisanaux et même les produits cosmétiques bio. Une chef d’entreprise vient de rejoindre l’Am Cham et compte bien exporter ses produits aux Etats-Unis. Beaucoup de jeunes ont choisi ce créneau et ça marche !
Des opérateurs américains ont investi dans la production et la fabrication des huiles essentielles à Bouarada.
On ne peut bien évidemment pas comparer les échanges commerciaux entre la Tunisie et les Etats-Unis à ceux de la France mais notre pays conquiert du terrain Outre atlantique. D’ailleurs, on parle moins de ventes en vrac pour les produits alimentaires et encore moins d’exportations à travers l’Europe. Aujourd’hui les exportateurs tunisiens ont élaboré leur propre politique de communication et assurent de bout en bout les opérations d’exportation de leurs produits depuis leur labellisation jusqu’à leur écoulement sur le marché américain en ne perdant pas de vue l’importance des certifications et du packaging.
Aujourd’hui, la Tunisie pèche par une absence de communication institutionnelle sur le marché américain et on a beau être primé “prix de la meilleure huile d’olive à New York“, l’Am Cham a beau user de ses réseaux dans les sphères économiques américaines, un lobbying fort pour imposer le label Tunisie en tant que référence dans un marché extrêmement concurrentiel. Une image de marque n’est pas facile à créer par une Chambre de commerce, il s’agit de stratégie, de vision et de moyens financiers conséquents.
La Tunisie n’a pas su, à l’instar d’autres pays, capitaliser sur la réalisation de grands films sur sont territoire à l’instar de Starwar, du Patient Anglais, du Pirate et de dizaines d’autres.
La Tunisie n’a pas non plus su capitaliser sur son rang de partenaire stratégique des Etats-Unis sur le plan économique.
Nous n’arrêterons jamais de le dire, lorsqu’il n’y a pas de vision, pas de stratégie gouvernementale à moyen et même à court terme, les Chambres de commerce sont des électrons libres qui agissent pour le mieux et le meilleur mais dont les ailes restent coupées car pas véritablement accompagnées par les décideurs publics.
A quand des compétences qui agissent et des acteurs publics qui décident sans populisme et sans peur ?
Amel Belhadj Ali