Des réalisateurs de différentes nationalités se sont réunis, vendredi 21 décembre, pour évoquer les souvenirs d’enfance et leur attachement à la Tunisie, et ceci dans le cadre de la manifestation “LA TUNISIE VUE PAR …” organisée par la Cinémathèque tunisienne du 18 au 23 décembre 2018 à la Cité de la Culture.
Animée par le directeur de la cinémathèque, Hichem Ben Ammar, la table ronde a regroupé les réalisateurs Jean-Denis Bonan, Françoise Gallo, Marcello Bivona, Vincent Martorana, et Hejer Charf.
Né à Tunis d’une mère italienne et d’un père tunisien, le réalisateur Jean Denis Bonan a raconté son lien profond et son parcours amoureux avec la Tunisie qui ne cessera pas, affirmant “mon rapport avec la Tunisie est un rapport sentimental”.
Avec beaucoup d’émotion, Bonan a parlé du départ forcé de sa famille de la Tunisie le 15 août 1956 sur le bateau “ville de Tunis” en disant “j’ai toujours les larmes aux yeux quand je me remémore ce départ”.
“Les injustices vécues par les Tunisiens pendant le protectorat m’ont beaucoup affecté et ont influencé mon parcours professionnel et mon engagement au profit d’un cinéma militant”, a-t-il ajouté.
De son côté, parlant de son film “Pourvu qu’elle soit Douz”, le réalisateur Vincent Martorana a fait savoir que son documentaire lui a permis de renouer le contact avec la Tunisie qu’il a quitté avec ses parents d’origine sicilienne à l’âge de 3 ans.
“Pourvu qu’elle soit Douz” est un documentaire apolitique qui suit la vie quotidienne des gens ordinaires de la ville de Douz après la révolution du 14 janvier 2011, a indiqué Martorana en soulignant qu’il a voulu faire un film sur les tunisiens du désert.
Dans son intervention, la réalisatrice Françoise Gallo a évoqué sa relation affective et sensorielle avec la Tunisie en particulier la médina de Tunis, ville dont ses grands-parents sont originaires.
Pour Marcello Bivona, qui a quitté la Tunisie à l’âge de 5 ans avec ses parents pour vivre à Milan, l’amour de la Tunisie a été transmis par ses parents en particulier sa mère qui à travers sa cuisine multiculturelle a su transmettre l’esprit de la diversité et la tolérance qui animait la Tunisie des année 40-50
Bivona a fait savoir qu’il est entrain de préparer un documentaire avec le chercheur Alfonso Campisi autour des siciliens qui sont restés en Tunisie.
La Tuniso-canadienne Hejer Charf a indiqué dans son intervention qu’elle a voulu parler de sa Tunisie à travers le parcours atypique de Béatrice Slama (1923-2018), tunisienne de confession juive.
Le documentaire “Béatrice, un siècle” est un hommage posthume autour de cette femme communiste, féministe, et spécialiste de la littérature féminine. Le documentaire est un ainsi le portrait d’une femme témoin actif du vingtième siècle et ses événements: la lutte pour l’indépendance de la Tunisie, le départ forcé des Juifs, Mai 68, ou encore le féminisme à travers les écrits de Simone de Beauvoir, Colette ou Margueritte Duras.
Rappelons que le film de Hejer Charf “Béatrice, un siècle” sera projeté demain samedi en première mondiale à la cité de la culture. Une deuxième projection est prévue le 23 décembre à 15h.