Le rapport de la Cour des Comptes pour l’exercice 2016/2017 n’est pas très flatteur. Il a de nouveau confirmé que le pays s’enfonce de plus en plus dans la mauvaise gestion des deniers publics et que des mesures décisives pour améliorer le rendu de nombre de départements ministériels, dont celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifiques, n’ont pas été prises.
La clôture du budget 2016 s’est faite avec une régression des ressources propres de l’Etat qui n’ont pas dépassé les 73,67% qui ont couvert à peine 80,24% du budget de l’Etat. Le déficit budgétaire a quant à lui atteint les 6,1% du PIB contre 4,8% en 2015 ; il a empiré ces dernières années.
Pour revenir à l’exercice de certains ministères, il est à citer celui de l’Enseignement supérieur caractérisé par l’absence de la mise en place d’une stratégie nationale pour un meilleur rendu au national et un meilleur positionnement à l’international. Ainsi, la Cour des comptes a relevé l’absence d’un suivi rigoureux des établissements privés de l’enseignement supérieur ce qui a engendré :
-la hausse des frais de scolarité au sein de 12 établissements de 65% alors que la loi autorise une augmentation de 5% seulement ;
-l’absence de cadres enseignants qualifiés et de conseils scientifiques dont la composition répond aux exigences de la loi dans 77% des universités privées. Le nombre des stages accomplis par les étudiants suivant des formations paramédicales se situent entre 3,3% et 79% ;
– l’absence de contrôle par les services du ministère de l’Enseignement supérieur des examens qui ont lieu dans 12 universités privées ;
– l’homologation de 17 diplômes universitaires par le ministère délivrés par 7 universités malgré le refus des commissions sectorielles du principe de l’homologation des diplômes en question. 11 diplômes ont été également homologués pour le compte de 5 autres universités alors qu’il n’y a pas eu d’évaluation définitive émanant des commissions d’homologation ; lesquelles commissions, cela dit en passant, ne se réunissent que rarement, ce qui met en péril et la qualité des diplômes livrés et celle des intérêts des étudiants concernés ;
– le dépassement de 9 établissements universitaires privés de 4 fois leur capacité d’accueil sans aucune réaction de la part de l’autorité de tutelle : le MESRS.
Pareille situation ne peut que tirer vers le bas la qualité de l’enseignement supérieur dans notre pays. Pire, dans peu de temps, nos diplômes ne seront plus reconnus ni à l’échelle régionale ni à l’échelle internationale.
Jusqu’à quand ce laxisme ? Les lobbys des universités privées sont-ils plus forts que la loi ? Le ministère de l’Enseignement supérieur est-il réellement conscient de la gravité des absences des commissions d’homologation des diplômes ou des homologations faites au pied levé sans aucune assise scientifique ?
Dossier à suivre.
A.B.A