Tous ceux qui cherchent à s’informer sur le secteur de l’énergie en Tunisie et à en connaître le fonctionnement et diverses activités sont désormais servis. Des professionnels indépendants regroupés au sein de l’Association tunisienne des techniciens du pétrole et du gaz (ATPG) se sont associés pour publier une rétrospective du secteur tunisien de l’énergie. Cette publication d’excellente qualité arrive à point nommé en ce sens où on a assisté, depuis le soulèvement du 14 janvier 2011, à une forte demande de transparence dans ce secteur.
Présenté en avant-première, à l’occasion d’un séminaire organisé le 14 décembre 2018 par la centrale patronale (UTICA) en partenariat avec la fondation allemande Konrad Adenauer Stifung sur «la gouvernance du secteur tunisien de l’énergie», cet ouvrage volumineux de plus de 565 pages se veut, selon ses auteurs, «neutre et indépendant». Il ambitionne de fournir au grand public une synthèse de l’histoire récente du secteur tunisien de l’énergie. Cette synthèse couvre l’essentiel des activités énergétiques.
Factuel et documenté, l’ouvrage couvre, en douze chapitres, selon le thème et les données disponibles durant les six dernières années, la plupart des activités du secteur: hydrocarbures, électricité, maîtrise de l’énergie, énergies renouvelables.
Cet ouvrage est également truffé de précieuses informations pointues sur le secteur : données statistiques, analyses conjoncturelles, textes juridiques et contractuels, conventions internationales…
Certains chapitres (cadre réglementaire, exploration, gaz et électricité) remontent même aux origines des activités de prospection pétrolière, à la fin du 19ème siècle.
Dans l’ordre, l’ouvrage traite, en quatre grandes parties, de l’exploration et de la production, du raffinage, de l’approvisionnement et la distribution des produits pétroliers, du gaz et de l’électricité, de la maîtrise de l’énergie, des services, innovations, économie et coopération.
Part du secteur de l’énergie dans l’économie nationale
Traitant de la part de l’énergie dans l’économie nationale, plus particulièrement de la valeur ajoutée du secteur au PIB, l’ouvrage fait remarquer qu’«en 2015, cette valeur a été de 3,290 milliards de dinars et a représenté 4,6%du PIB. Au cours des deux premières décennies, du début des années 60 au milieu des années 80, le ratio (valeur ajoutée du secteur de l’énergie/PIB) a évolué de 0,9% en 1961 à 11,9% en 1981. Au cours des deux décennies suivantes, cette contribution a régressé pour se situer à 3,8% en 2003. Ensuite, on a enregistré une reprise jusqu’en 2008, puis de nouveau une décroissance.
La croissance annuelle moyenne de la valeur ajoutée du secteur a été de +30% entre 1961 et 1980, de +5,4% entre 1980 et 2000, de +13% entre 2000 et 2010 et de -0,8% entre 2010 et 2015». Ces variations, note l’ouvrage, dépendent essentiellement du volume de la production nationale et du cours mondial des hydrocarbures.
Dans un autre chapitre, la rétrospective revient sur les innovations marquantes dans le secteur du pétrole et du gaz en Tunisie. Il s’agit du contrat 50/50 conclu en mai 1960 entre la Tunisie et l’office italien ENI pour l’exploitation du gisement El Borma, la valorisation du gaz torche avec la mise en place du gazoduc El Borma–Gabès (1972) et du systeme d’ancrage à joint universel –Shelle Tunirex à Tazerka (1981).
Cette dernière innovation réside dans l’adoption d’un nouveau système d’ancrage autour d’un joint universel (laissant la liberté de rotation de tout le navire tout en assurant une production continue des puits à tête sous-marine via des risers.
Autres innovations citées, la réalisation en 1983, section sous-marine du gazoduc Transmed (pose de trois pipelines de 154 Km chacun sur un fond marin très accidenté), le pompage multiphasique –CFTP (1990) et la mise en place, en 1991, du procédé de traitement des huiles usées (SOTULUB).
La rétrospective comporte également d’autres données fort intéressantes pour une meilleure connaissance du secteur. Nous pensons que cet ouvrage constitue une excellente référence qui mérite le détour.