Durant l’année 2017, l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) a transféré, à la justice 245 dossiers de corruption. C’est ce qu’a indiqué le président de l’INLUCC, Chawki Tabib.
Ces dossiers concernent, en grande partie, des affaires de corruption relatives aux biens publics. “Les plaintes, alertes et réclamations relatives à l’exploitation abusive des biens publics constituent la plus grande partie des dossiers parvenus à l’Instance, en termes de nombre”, a expliqué Tabib lors d’une conférence de presse organisée, jeudi 27 décembre, pour présenter le rapport annuel de 2017 des activités de l’Instance.
Parmi ces dossiers transférés à la justice, figurent aussi des dossiers liés à la corruption financière et administrative (30,8%) et aux appels d’offres dans le secteur public (2,3%).
Le nombre de dossiers de corruption transférés par les ministères à la justice (pôle économique et financier et justice militaire) a, quant à lui, atteint en 2017, 368 dossiers (48 seulement en 2016).
Selon Tabib, 87,5% des ministères ont fourni à l’instance les dossiers de corruption transférés à la justice en 2017.
Il a, en outre, salué les efforts fournis par les ministères dans la lutte contre la corruption. “Le pourcentage des alertes contre des actes de corruption liés au ministère de l’Intérieur est passé de 13 pc en 2016 à 5 pc seulement en 2017”, a-t-il indiqué. Selon Tabib, les recettes fiscales ont atteint, durant 2017, 8 fois celles de l’année 2016. “En effet, nous avons signé des accords de partenariat avec 21 ministères qui se sont montrés coopératifs et nous ont aidé à mener nos investigations”, a-t-il indiqué.
Tabib a, cependant, critiqué l’absence de coopération de la part de certains ministères, dont notamment celui des Affaires religieuses, du Développement, de l’Investissement et de la Justice qui demeure, a-t-i poursuivi, le seul ministère de souveraineté qui n’a pas encore signé l’accord de coopération, ni répondu aux demandes de l’Instance par rapport aux dossiers de corruption qui le concernent.
Tabib a, par la même occasion, appelé à accélérer le rythme de travail des autorités judiciaires. “La justice prend, parfois, de 7 à 10 ans dans le traitement d’un seul dossier de corruption”, a-t-il déploré, appelant au renforcement des ressources humaines et financières et du cadre juridique, notamment le Code pénal et le système judiciaire.
Il a aussi souligné que l’INLUCC a enregistré 9.189 plaintes contre des actes et dossiers de corruption dont 5.338 à travers le numéro vert. Parmi ces plaintes, 56,8% (5.223) relèvent des compétences de l’Instance.
Selon le rapport, 38,3% des plaintes reçues par l’Instance proviennent de Tunis, Sfax (5,8%), Nabeul (5%), Sousse (4%), Kasserine (4%) et Kairouan (3%).
L’Instance a, également, reçu 229 demandes de protection de la part des lanceurs d’alertes. Cinq affaires pour atteinte aux lanceurs d’alerte ont été transférées à la justice.
D’autre part, Tabib a rappelé que le budget de l’Instance pour l’année 2017 n’a pas dépassé les 5,2 millions de dinars. “Ce budget ne dépassera pas les 3,2 millions de dinars en 2019 malgré l’augmentation considérable des activités et charges de l’Instance”, regrette-t-il dit.
Il a, en outre, tenu à préciser que l’Instance qui jusque-là n’a reçu aucune menace concernant ses activités, a, cependant, fait l’objet de plusieurs campagnes de diffamation menées par des lobbies de la corruption”. Ces campagnes, a-t-il affirmé, ne réussiront pas à détourner l’Instance de sa mission principale, à savoir la lutte contre la corruption.