Une action citoyenne a été organisée dimanche 30 décembre à Sfax, par les composantes de la société civile, pour faire pression sur le Conseil municipal afin d’adopter une décision portant interdiction de toute industrie de phosphates et de souffre et de toute circulation des camions de transport de ces produits à l’intérieur de la ville.
Ce mouvement intervient en concomitance avec la dernière session du Conseil municipal au titre de l’année 2018.
Dans une correspondance, près de 20 associations opérant dans le cadre d’une Coordination de l’environnement et du développement à Sfax ont exhorté le Conseil municipal en tant que dépositaire du pouvoir local à exercer ses prérogatives garanties par la Constitution afin de prendre une “décision irréversible et définitive” interdisant toute production et toute circulation de phosphates et de souffre à l’intérieur de la ville.
Le Groupe chimique tunisien (GCT) cherche à changer l’activité de la Société Industrielle d’Acide Phosphorique et d’Engrais (SIAPE) en produisant des engrais non-polluants.
Cette proposition a été catégoriquement rejetée par la société civile à Sfax, à l’exception de la section régionale de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) à Sfax qui estime que cela va permettre de conserver les anciens emplois de la société.
Equipés de masques à la couleur du souffre, les manifestants se sont rassemblés devant l’Hôtel de ville de Sfax où se déroule la réunion du Conseil municipal, avant d’en envahir les locaux.
Des pancartes à la main, ils ont brandi des slogans appelant à suspendre toute industrie de phosphates et toute circulation du souffre à l’intérieur de la ville, compte tenu de leurs effets nocifs sur la santé et leur violation du droit du citoyen à un environnement sain.
Zied Mellouli, activiste et membre de la Coordination de l’environnement et du développement à Sfax, souhaite de voir le Conseil municipal, en tant que conseil élu, prendre une “décision cruciale” en ce sens.
Doté d’un pouvoir discrétionnaire contraignant, le Conseil municipal pourrait adopter une décision que les gouvernements précédents n’ont pas osé prendre, en allusion à la décision du chef du gouvernement de démanteler toutes les unités de production polluantes de la SIAPE et de mettre en œuvre des programmes de réhabilitation, a-t-il indiqué, regrettant que cette décision ait restée sont suite.
Lors d’une visite, le 20 avril 2017, à Sfax, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait annoncé le démantèlement immédiat des unités polluantes de la SIAPE, en vue de “garantir le droit des citoyens à un environnement sain”.
Selon cet activiste, la décision municipale portant interdiction de la production des phosphates et dérivés pourrait être le point de départ pour intenter une action en justice au cas où l’exécutif ne la respecterait pas.
Raouia Amira, conseillère municipale et présidente de la Commission de la propreté et de la protection de l’environnement, a indiqué que la question de l’interdiction des industries polluantes des phosphates dans la ville de Sfax a bénéficié de toute l’attention du Conseil depuis son élection et a été examinée à maintes reprises lors des réunions de la Commission qui a pris acte du danger que représente le souffre pour la santé du citoyen.
Selon elle, la municipalité va se pencher sur l’examen des moyens d’identifier les mécanismes nécessaires pour exécuter la décision d’interdiction des industries polluantes des phosphates et de la circulation des camions de transport de ces produits.
La municipalité de Sfax, a-t-elle ajouté, a élaboré un plan d’action visant à faire pression sur la présidence du gouvernement et le ministère du transport, dans la mesure où le transport terrestre et maritime est à l’origine des problèmes environnementaux dans cette ville.