Le directeur général des Archives nationales de Tunisie, Hédi Jellab, nie en bloc les “allégations” de la présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine sur l’inaptitude de cette institution nationale (rattachée à la présidence du gouvernement) à conserver tous les documents relatifs à la Justice transitionnelle.
“Les propos de la présidente de l’Instance Vérité et Dignité concernant l’incapacité de l’institution à conserver les archives de la Justice transitionnelle sont dénués de toute vérité. L’institution a vocation de garder tous les documents quel que soit leur support. Elle est aussi capable de s’acquitter de cette tâche avec professionnalisme et dans le cadre de la loi”, a soutenu Jellab.
“L’institution des Archives nationales a coopéré, à maintes reprises, avec l’IVD et lui a fourni tous les documents nécessaires pour ses travaux de recherche, ce qui veut dire qu’une partie des archives en papier de l’IVD provient, à la base, des Archives nationales qui conserve toujours les originaux”, a ajouté Jellab.
Il a indiqué que la présidente de l’IVD, qui martèle l’incapacité des Archives nationales à préserver les archives de la Justice transitionnelle et les documents liés à la préservation de la mémoire, “est dans le faux”, puisque la “préservation de la mémoire” n’existe pas. Il s’agit, plutôt du “devoir de mémoire”, selon lui.
Jellab a fait observer que l’IVD n’a pas répondu aux correspondances de l’institution des Archives nationales, et ce à trois reprises (le 17 août, les 26 et 31 décembre 2018). Des correspondances qui concernaient, justement, la coordination avec l’IVD pour la réception de son archive.
Il a souligné que cette question est très délicate et demande du temps pour vérifier tous les documents, regrettant le peu de cas accordé par Sihem Ben Sedrine aux correspondances des Archives nationales. Jellab affirme, dans ce sens qu’aucune coordination n’a eu lieu entre les deux parties après l’unique rencontre datée du 4 juillet 2018.
Le responsable a ajouté que les institutions de l’Etat ont confié à l’IVD tout ce dont elle a besoin, regrettant que l’Instance mette en doute la crédibilité des Archives nationales. “La présidente de l’IVD traite les institutions de l’Etat avec beaucoup de méfiance”, a-t-il relevé.
Hédi Jellab précise aussi que l’Institution des Archives nationales préserve toutes les archives créées après 2011 y compris celles de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Une structure créée pour superviser le processus de transition démocratique, en attendant l’élection de l’Assemblée nationale constituante (ANC) fin 2011.
L’institution sauvegarde également les archives du Haut Comité des droits de l’homme et des libertés fondamentales et les archives de plusieurs associations et mouvements militants à l’instar de Perspectives, l’Union générale des étudiants de Tunisie, l’association Dignité, active dans le domaine de la justice transitionnelle et bien d’autres.
Et d’ajouter que l’IVD avait bénéficié de beaucoup d’avantages et de facilités jamais fournis à aucune autre structure semblable dans le monde, à en croire les expériences comparées consultées dans le cadre des conférences organisées et des travaux réalisés avant sa création. Les moyens mis à la disposition de l’IVD lui permettaient de rédiger un rapport inédit sur une période très importante de l’histoire du pays. Mais au lieu de cela, l’instance était préoccupée par des questions secondaires”, a-t-il regretté.
Lors d’une conférence de presse tenue le 31 décembre dernier, à l’occasion de la fin de mission de l’instance, Ben Sedrine a estimé que l’institution des Archives nationales n’est pas habilitée à préserver “la mémoire” des travaux effectués par l’IVD étant convaincue que les documents, informations et témoignages couvrant la période entre 1955 et 2013 représentent “une mémoire” plutôt que des archives.
Pour la présidente de l’IVD, cette question pose le problème de l’absence d’une structure chargée de préserver la mémoire du processus de la transition démocratique.
Elle a déclaré, à ce propos, que le conseil de l’instance adressera, dans les jours à venir une note au chef du gouvernement ainsi qu’au président du Parlement les appelant à assumer leur responsabilité de n’avoir pas pensé à créer une institution pour sauvegarder les informations et témoignages des victimes, de la police politique, en particulier.