Des imams et prédicateurs tunisiens des différentes régions du pays rejettent l’initiative présidentielle sur l’égalité dans l’héritage, car elle porte atteinte aux principes religieux de l’islam qui ne peuvent, en aucun cas, être interprétés, selon eux.
Lors du premier forum organisé à Tunis par l’association des imams pour la tolérance et le rejet de la violence et de l’extrémisme, samedi 5 janvier 2019, les imams et prédicateurs ont souligné que cette initiative, contradictoire à la constitution qui stipule que l’Islam est la religion du pays, déstabilise la famille et la société.
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Selon le président de l’association, Mohamed Salah Rdid, cette initiative, élaborée sous forme d’un projet de loi adopté par le conseil des ministres le 23 novembre 2018 et transmis au Parlement pour adoption, aura des répercussions sur la paix sociale s’il est adopté.
Rdid dénonce la non implication de l’institution d’Ifta, du conseil supérieur islamique et surtout la Zitouna dans l’élaboration d’un tel projet de loi, qu’il juge “extrêmement sensible”.
“La responsabilité des imams est historique et ils sont appelés à fournir tous les arguments qui prouvent que la loi successorale en islam est claire et ne doit pas être interprétée”, a-t-il souligné.
Pour lui, la question de l’égalité dans l’héritage n’est pas aujourd’hui une priorité surtout qu’il y a actuellement plusieurs dossiers économiques et sociaux plus urgents.
Mais M. Rdid, avait lu -ne serait-ce que sommairement- la Constitution? La réponse ne fait pas de doute, c’est non. Alors, dans vos attributions, nous vous conseillons d’enlever “défense de la Constitution”, en ce sens que celle-ci proclame “la légalité entre l’homme et la femme”.
De son côté, le président de la coordination nationale de défense du coran, de la Constitution et du développement équitable, Chiheb Eddine Tliche, estime que le projet sur l’égalité dans l’héritage est une atteinte à la sacralité de l’islam et ne fera que diviser les Tunisiens, appelant les députés à tenir compte de la conjoncture actuelle du pays et de la volonté du peuple qui rejette, selon lui, ce projet.
De ce fait, Tliche annonce que des mouvements de protestation pacifiques seront observés pour exprimer le rejet de cette initiative et sensibiliser les citoyens aux dangers de l’adoption d’un tel projet.
Intervenant à cette occasion, Noureddine Khadmi, ancien ministre des Affaires religieuses (2013), a souligné que l’égalité dans l’héritage aura des répercussions négatives importantes sur la famille et vise à imposer le modèle laïque. Il propose alors que l’initiative soit soumise au suffrage universel.