Mécontents, des marins-pêcheurs dans la région de Gabès appellent à exécuter l’accord conclu entre le ministère de l’Agriculture et l’UTAP, concernant la répartition des quotas de thon rouge pour l’année 2018.
Le gouvernorat de Gabès avait obtenu deux permis de pêche du thon rouge au titre de l’année 2018 et un permis pour 2019, lors d’un tirage au sort en mai 2018.
“Les pêcheurs de Gabès sont prêts à aller plus loin dans leurs protestations, si les autorités de tutelle ne mettent pas l’accord en exécution”, prévient Salah Ghouma, membre de la Chambre régionale de la pêche. “Ils ont perdu patience”, a-t-il lancé, en marge d’une conférence de presse sur la crise du secteur agricole.
Selon lui, les pêcheurs sont en difficulté à cause de la pollution maritime et à cause de la prolifération du thon rouge dans le Golfe de Gabès, espèce qui représente une menace pour les réserves de poisson bleu.
Le thon rouge peut manger l’équivalent de son poids de poisson bleu, principale source de revenu des marins-pêcheurs, souligne Salah Hadida, un pêcheur de la région.
“Le pêcheur est désormais doublement menacé par le retard à exécuter l’accord sur la répartition des quotas et aussi par la disparition du poisson bleu, devenu nourriture du thon rouge”, a-t-il ajouté.
Le président du Syndicat régional des agriculteurs, Mohsen Adel Abdennabi, assure que “la région de Gabès dispose d’un quota infime de permis de pêche par rapport à d’autres régions, telles que la Sfax, dont le nombre des permis a augmenté de 21 à 23”.
Le nombre des embarcations de pêche à Gabès s’élève à 55. Elles devraient avoir leurs quotas de pêche après l’exécution de l’accord et l’octroi des permis, a-t-il expliqué.
Pour mémoire, le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taieb, avait annoncé, lors d’une séance plénière consacrée aux questions orales des députés, l’octroi d’un quota supplémentaire pour la Tunisie de 121 tonnes pour la pêche du thon rouge pour 2019 (56 tonnes) et 2020 (65 tonnes), par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique. Il y a lieu de préciser que ce quota s’est élevé à 1791 tonnes en 2017.
Il avait précisé, à ce propos, avoir conclu un accord avec l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) pour l’octroi de 18 nouveaux permis de pêche du thon rouge, nombre qui sera porté à 20, suite à l’augmentation du quota de la Tunisie, soit huit permis en 2018, six en 2019 et six encore en 2020. Ces permis seront accordés par tirage au sort.
Le député Imed Daimi avait évoqué, lors de la même séance, l’absence de discrimination positive entre les régions et l’existence de favoritisme, dans la répartition des permis de pêche du thon rouge, fait que le ministre avait démenti, affirmant que son département va augmenter le nombre des permis au cours de trois prochaines années, sur la base d’une répartition équitable et de la discrimination positive entre les régions.
La pêche au thon rouge en méditerranée et en Tunisie est contrôlée et régulée par un quota annuel fixé par la commission Internationale pour la conservation des thons atlantiques (CICTA).
Cette commission dont la Tunisie est membre depuis 1997 est une organisation intergouvernementale chargée de la conservation des thons dans l’océan Atlantique et la Méditerranée.
L’espèce a été menacée de disparition au début des années 2000 à cause de la surpêche. Depuis 2008, le nombre de bateaux de pêche de thon rouge a été limité, des quotas de pêche annuels fixés et un plan pluriannuel de reconstitution du thon rouge en Méditerranée a été adopté par l’ICCAT et ses Etats membres. L’objectif de ce plan est le rétablissement du stock d’ici 2022.