Depuis la révolution tunisienne (17 décembre 2010-14 janvier 2011), la ville de Sfax, qui a connu une marche imposante le 12 janvier 2011, n’a récolté que “des promesses de développement et une baisse des indicateurs socio-économiques”.
Ce constat fait l’unanimité des chefs d’entreprise, travailleurs et habitants de la région.
En effet, contrairement à ce que beaucoup pensent, les Sfaxiens tant en milieu rural qu’urbain ne sont pas en mesure de se construire un avenir meilleur car la région endure encore la marginalisation, l’injustice et l’exclusion.
Pour ne citer qu’un chiffre, Sfax occupe la 7ème place à l’échelle nationale, après Tunis, Ariana, Ben Arous, Monastir, Nabeul et Sousse, en termes de développement régional, réalisé en 2012, par l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ).
Pour le secrétaire général de l’Union régionale du travail, Hédi Ben Jomaâ, aucun acquis n’a été réalisé au profit de la région qui a, par contre, connu un déclin des indicateurs liés à la santé, l’enseignement et les conditions de vie.
Il évoque le laxisme des différents gouvernements qui se sont succédé face aux mégaprojets bloqués dont le projet des activités alternatives en remplacement à l’usine SIAPE, l’aménagement du port Skhira et le projet de Taparura.
De ce fait, Ben Jomaâ n’exclut pas une explosion sociale compte tenu du statu quo actuel et des conflits politiques entre les partis.
De son côté, le représentant de l’Organisation patronale, Anouar Triki, a souligné que la liberté et la démocratie, acquis majeurs de la révolution, ne peuvent éviter les retombées néfastes de la transition sur l’entreprise touchée par les revendications sociales, la prolifération de la corruption, la contrebande, l’économie parallèle et les transgressions politiques.
Par ailleurs, il prévient du risque de “tolérance à la corruption” et d’une chute rapide de l’économie si la situation actuelle perdure.
Le directeur régional au développement, Khaled Hachicha, fait état de la régression des indicateurs économiques dans la région notamment par la suspension de certains projets et activités pour manque de financement nécessaires.
Toutefois, il cite des résultats positifs réalisés, en particulier en matière de bitumage de pistes rurales dont la longueur est passée de 500 à 1.300 km depuis 2011. Quant aux investissements publics, ils ont atteint 2,1 milliards de dinars, sans compter les mégaprojets tels que la station de dessalement de l’eau de mer (957 MDT) et la première tranche du projet du métro de Sfax (690 MDT).
Selon lui, la mise en œuvre du plan annoncé par le chef du gouvernement lors de sa visite à Sfax, en avril 2017, pourrait relancer le développement dans la région surtout que ce plan comporte une soixantaine de décisions.