L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) s’est penchée, vendredi 18 janvier sur les activités des institutions culturelles en auditionnant le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine.
Les députés ont soulevé différentes questions dont l’infrastructure -jugée assez modeste-, les institutions culturelles dans la zone de Carthage Yasminette et le manque de maisons de jeunesse dans certains quartiers du pays.
Une situation à laquelle la députée Hajar Becheickh Ahmad souhaite que le ministère trouve “des solutions alternatives et offrir ainsi aux jeunes de Carthage Yasminette des espaces culturels adéquats qui pourraient les prémunir contre la délinquance et la marginalisation”.
En réponse, le ministre a expliqué l’état déplorable de nombreuses institutions culturelles dans le pays, qui souffrent d’une infrastructure délabrée, d’un manque flagrant en équipements techniques et logistiques et parfois en ressources humaines.
“Plus de 70 espaces culturels sur tout le territoire nécessiteraient intervention et aménagement et certains d’entre eux constituent un danger sur les personnes qui les fréquentent”, déplore le ministre citant les rapports des services de son ministère.
Pour les espaces en état de détérioration, il serait préférable qu’ils soient complètement reconstruits, selon le ministre. “Certains espaces devraient être uniquement aménagés et entre temps il serait possible de recourir à la location temporaire d’un autre espace pour la pérennité de l’action culturelle”, a-t-il préconisé.
Au sujet de Carthage Yasminette, “un budget a été alloué pour le réaménagement de la maison de la culture de la région qui souffre déjà de nombreux problèmes, a fait savoir Zine El Abidine. Il a annoncé que les études de faisabilité sont en cours en prévision du démarrage des travaux, déjà en suspens “pour diverses considérations”.
Face à cette situation, le ministère prévoit de louer un espace pour abriter les activités de la maison de la culture, ce qui devrait encadrer les jeunes des quartiers voisins de Carthage Yasminette dont celui de Carthage Mohamed Ali, sachant que les procédures de location sont à un stade assez avancé, a dit le ministre.
Le limogeage, fin novembre 2017, de Moez M’rabet, ancien directeur du Centre culturel international de Hammamet (CCIH), appelé “Maison de la Méditerranée pour la Culture et les Arts”, qui dirigeait également le Festival international de Hammamet, a refait surface.
La députée Samia Abbou a demandé davantage d’éclaircissement sur cette affaire qui, rappelle-t-elle, avait fait l’objet d’une correspondance qu’elle avait elle-même envoyée un an auparavant au ministre. Elle estime que la décision du ministre a touché à la réputation de “M’rabet, l’artiste, l’homme de théâtre et l’universitaire”.
Le ministre a nié avoir “annoncé devant l’Assemblée, ni dans les médias ou dans n’importe quel autre support que ce limogeage serait en lien avec des soupçons de corruption”. Il a justifié son limogeage par “le faible rendement du CCIH et du Festival pilotés alors par l’ancien directeur”.
Durant la période qui précédait le limogeage, le ministre dit avoir eu un entretien avec M’rabet pour lui faire part “des lacunes constatées dans la gestion des deux institutions culturelles afin de s’y rattraper” au cours des prochaines saisons culturelles du centre et éditions du festival.
Parmi les lacunes constatées en cette période là, il a cité le “non respect de l’application des lois régissant le financement des associations culturelles, et aux offres publiques, notamment la question relative à l’acquisition et la mise en place d’un système de billetterie unique”.
“Le manque de transparence dans les contrats conclus avec les agents travaillant pour le compte du Festival, à cela s’ajoute le non respect des procédures en vigueur dans l’attribution des rémunérations en fonction du travail effectué”, figurent aussi parmi les manquements attribués par le ministre à la direction du CCIH.
Par ailleurs, le ministre a rappelé que les opérations d’inspection des directions concernées au sein du ministère avaient révélé “une absence totale d’un système de gestion administrative au CCIH et au Festival, de la transparence requise et le principe de la bonne gouvernance”.
Dans son audition le 28 novembre 2017 à l’ARP lors des débats sur le budget de son département pour l’année 2018, le ministre des Affaires Culturelles avait parlé de “mauvaise gestion financière et faible gouvernance” au sein du Centre culturel international de Hammamet (CCIH).
Le ministre avait pointé du doigt “des parties méconnues” derrière le budget alloué au CCIH qui “avait passé de 200 mille dinars à 2 millions de dinars”, sans pour autant donner plus de détails à ce sujet.
Le ministre avait aussi mentionné la mission d’inspection dépêchée au siège du Festival International de Hammamet qu’abrite et organise le Centre culturel international de Hammamet (CCIH). Suite à des soupçons de corruption, tous les festivals ont été soumis à un audit, avait encore précisé le ministre.