La députée de la Coalition nationale, Houda Slim, a assuré que le groupe clôturera le 27 septembre à Monastir une série de réunions régionales organisées dans plusieurs gouvernorats, à l’issue desquelles d’importantes décisions seront annoncées dont le nom du nouveau parti. Elle a ajouté que les préparatifs pour la tenue du congrès constitutif du parti et la campagne des élections législatives démarreront en mars prochain.
Youssef Chahed, président du nouveau parti
Selon la députée de la Coalition nationale, un groupe qui soutient le gouvernement actuel, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, sera le président du nouveau parti, au regard de la confiance dont il bénéficie auprès d’une large frange de la société tunisienne, a-t-elle indiqué dans un entretien accordé à l’agence TAP.
Concernant la position du gouvernement vis-à-vis des prochaines élections, la députée a estimé que parler de la neutralité du gouvernement n’a aucun sens, expliquant qu’il n’existe pas dans la loi ce qui pourrait empêcher le chef du gouvernement ou l’un des membres de son cabinet de participer à la vie politique ou de se présenter aux élections. “Cette question est une invention tunisienne qui n’a pas d’égal dans aucun autre pays”, a-t-elle critiqué.
A propos de l’éligibilité de Youssef Chahed à la présidence de la République, Houda Slim a soutenu que “c’est son droit d’aspirer à ce poste”, n’écartant pas cette éventualité.
Cependant, assure que Chahed ne participe pas à présent aux réunions préliminaires et que les membres du groupe exercent leurs activités avec leurs propres moyens et n’utilisent aucunement les moyens de l’Etat pour mener leurs actions.
Un parti qui tente d’éviter les erreurs du passé
Sur les reproches adressés au groupe de la Coalition, la députée a précisé que les membres ont effectué une série de réunions dans plusieurs régions avec la société civile et les cadres, et que ces actions seront élargies à toutes les régions dans le but d’échanger les vues et de débattre, dans un esprit participatif, de tous les détails relatifs au nouveau parti.
Elle insiste sur le souci d’éviter les erreurs du passé “en faisant en sorte que la décision émane toujours de la base”.
Se révélant d’une efficience certaine, ces réunions, a-t-elle fait observer, ont permis de lever le voile sur le mécontentement des Tunisiens de la vie politique et de ses méthodes de gestion. Les rencontres ont révélé une grande aspiration des Tunisiens au changement et à l’existence d’un parti du centre à même de représenter les Tunisiens modérés.
Houda Slim indique qu’il n’y a pas de volonté chez la base d’intégrer à nouveau le mouvement Nidaa Tounes, étant donné que ce dernier a perdu de sa crédibilité auprès des citoyens.
Pour la députée, le nouveau parti veillera à ce que ses décisions soient prises sur la base de la concertation et de la participation et de manière transparente.
Elle a laissé entendre dans ce sens que des élections seront tenues dans les régions pour choisir les élus qui représenteront les citoyens adhérents au nouveau parti et formant les bases de ce dernier. “Nous promettons à nos partisans dans les régions que nous serons continuellement en contact avec eux et que nous écouterons attentivement leurs avis et leurs suggestions, sans aucun accaparement unilatéral du pouvoir de décision”, a affirmé Houda Slim.
“Ce nouveau parti aura un poids considérable, compte tenu des foyers d’expériences de ses dirigeants dans le champ politique, lesquels, sont loin d’être des amateurs. Nous seront surement prêts pour la bataille des élections législatives de 2019”, a insisté la députée, soulignant que plusieurs citoyens ont exprimé leur souhait d’adhérer au parti.
Le rapprochement avec Ennahdha dépendra des résultats des législatives
Pour ce qui est de la relation avec le mouvement Ennahdha, Houda Slim a estimé que le rapprochement ou la prise de distance vis-à-vis du mouvement sera conditionné par les résultats des prochaines élections législatives prévues fin 2019.
“Si notre parti sort majoritaire avec 109 sièges ou plus, à ce moment nous travaillerons avec une aisance totale sans être obligés de se rapprocher du mouvement Ennahdha ou d’une autre entité politique pour faire passer les projets de lois. Dans le cas contraire, nous serons contraints de chercher des consensus avec Ennahdha ou avec d’autres partis, et ce pour éviter d’entraver les projets de loi ou le travail parlementaire”, a-t-elle encore fait savoir.
“A priori, le nouveau parti ne fera pas de consensus avec le mouvement Ennahdha, étant donné que nos idées et nos orientations sont complètement différentes des leurs”.
Houda Slim estime que le rapprochement de Nidaa Tounes avec le mouvement Ennahdha, voulu selon elle par le président de la République, a été vécu par les bases de Nidaa Tounes comme une “trahison”. De ce fait, “le nouveau parti ne répétera plus la même erreur” a-t-elle affirmé.
Une demande officielle a été déposée le 17 septembre 2018 pour la formation du groupe de la Coalition nationale, dans le but de soutenir le gouvernement de Youssef Chahed.
Le bloc de la Coalition nationale est composé actuellement de 44 députés.
Comme vous pouvez le constater, il y a une contradiction dans les propos de Houda Slim: d’un côté, il n’y aura pas de rapprochement avec Ennahdha, de l’autre elle ne n’exclut pas. Alors est-ce une stratégie ou une manoeuvre pour éviter toute friction avec le parti islamiste… avant l’heure? L’avenir nous le dira, mais dès lors, on peut pas penser que le nouveau-futur parti n’a pas de ligne directrice clairement définie. Et en politique, cela se paie cash.