Nous sommes bien loin de cette action symbolique du 30 novembre 2012 qui a marqué les esprits des Tunisiens et au cours de laquelle quelques milliers d’habitants de la ville de Siliana ont décidé de quitter leur ville en signe de protestation contre leur marginalisation par le pouvoir centrale et “l’usage excessif de la chevrotine contre les manifestants”.

Des militants de la société civile de Siliana, sans oublier les exactions qu’ils ont subies par la faute de la Troïka et leur colère contre l’administration centrale, ont décidé de compter sur eux-mêmes, de retrousser leurs manches et d’aider une population à prédominance rurale à s’auto-développer et à améliorer sa situation.

C’est ce à quoi s’est employée une ONG de la société civile comme «les aventuriers pour le développement de Siliana». Depuis sa création en 2014, cette association a investi dans deux volets. Le premier consiste à valoriser les richesses naturelles de la région à travers l’organisation d’activités sportives en milieu naturel (randonnée, spéléologie, escalade…).

Le second consiste à accompagner, depuis décembre 2014, 40 artisanes de Sidi Amer et El Barama, afin de renforcer leurs capacités et contribuer à leur indépendance financière.

La mission de l’Association vise à impulser le développement durable et l’écotourisme, à promouvoir le concept de citoyenneté, à développer la capacité de l’intégration des jeunes dans la vie politique et culturelle et à développer le leadership personnel chez les femmes et les enfants des zones rurales.

Les deux premiers projets de l’Association, en l’occurrence, “Femme rurale, moteur de l’écotourisme et développement rural” et “L’écotourisme, facteur de développement rural” sont soutenus par des partenaires nationaux et étrangers : l’Union internationale pour la conservation de la nature (UCIN), l’Association tunisienne du patrimoine et de l’environnement, Tunisia Ecotorism Networck, Scots Kairouan, ministère de l’Education, l’ambassade de Finlande en Tunisie.

Le projet “Femme rural, moteur de l’écotourisme et développement durable” a été financé par l’ambassade de Finlande en Tunisie, pour améliorer les produits artisanaux et soutenir les femmes rurales.

Celui de “L’écotourisme, facteur de développement rural” a été financé par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et la Fondation MAVA en collaboration avec l’Union international pour la conservation de la nature (UICN).

Des alternatives pour les jeunes et les femmes

Objectif : créer des alternatives économiques pour les jeunes de la région et organiser et promouvoir les activités les femmes artisanes dans le cadre d’un circuit écotouristique en y intégrant des activités sportives spécifiques à la région pour aider à la valorisation et la protection du patrimoine naturel et culturel.

Point d’orgue des réalisations de l’Association des aventuriers pour le développement de Siliana, en matière d’écotourisme : la construction d’écodômes à Jbel Bargou.

Des dômes qui servent de gîtes enjolivés par des tapisseries traditionnelles ont été ainsi ouverts au public. Le lieu est orné également de poteries artisanales. Les visiteurs ont l’occasion de découvrir les produits du terroir de la région comme le pignon de pin d’Alep (zgougou) ou encore la caroube et de savourer la cuisine de la région.

“C’est un projet peu coûteux, environ 15 mille dinars, il promeut la nature et il est très beau”, a affirmé Fakher Hammami, le président de l’association “Les Aventuriers pour le développement de Siliana”.

Outre la promotion de l’écotourisme, l’association vise à réduire le chômage des jeunes de la région et la migration interne : “Ce projet offrira des opportunités de travail aux jeunes de Jebel Serj et Jbel Bargou, au lieu d’aller chercher un boulot à Tunis”, a renchéri une représentante de l’ONG.

Il va de soi que ces réalisations, fussent-elles originales, ne vont pas à elles seules contribuer à résoudre les problèmes multidimensionnels de la région de Siliana. Si nous avons tenu à les mettre en exergue, c’est juste pour montrer cette nouvelle tendance des militants de cette région à se prendre en charge et à développer, au moindre coût, des alternatives non traditionnelles.

Une économie diversifiée à valoriser

Abstraction faite de ces initiatives porteuses, la région de Siliana engrange de beaucoup d’atouts à caractère touristique, agricole et industriel.

Au plan touristique, la région recèle d’un important potentiel archéologique. Quelque 1.800 sites historiques allant de la plus lointaine époque préhistorique jusqu’à l’époque islamique sont recensés. Les sites historiques les plus célèbres jalonnent le «circuit de Hannibal» : Zama (Siliana), Musti (Le Krib), Maktharis (Makthar), et d’autres non moins pittoresques se situant aux alentours de Kesra, Bouarada et Bargou.

Les forêts de Siliana, verdoyantes et pures, se prêtent à différentes activités notamment avec une véritable cure d’oxygénation et en l’absence de toute sorte de pollution. Ain Dhab, berceau de la spéléologie en Tunisie, représente l’un des sites les plus renommés par son état naturel. La plupart des spéléologues la considèrent comme la plus belle grotte au monde. Il est à noter également que plus de 80% des grottes naturelles de la Tunisie se trouvent dans le gouvernorat de Siliana et précisément à Jbel Essarj et Jbel Kesra.

Au rayon de la vocation agricole, le nord du gouvernorat est caractérisé par l’agriculture des périmètres irrigués et des grands domaines céréaliers. L’agriculture des petites exploitations arboricoles, céréalières ou fourragères du centre et du sud du gouvernorat est basée essentiellement sur l’agriculture des montagnes et l’élevage extensif.

Au niveau industriel, il ressort d’indications fournies par le ministère de l’Industrie que le tissu industriel de la région comprend 316 entreprises en activité et emploient Plus de 8.000 personnes. 64 entreprises employant 10 personnes et plus. La région comprend 11 unités industrielles à participation étrangère (italienne, allemande, française et turque), dont 4 en partenariat et 8 à capital 100% étranger.

Quelque 19 entreprises sont totalement exportatrices. Le coût de ces investissements dépasse les 66 MDT, soit 47% des investissements du secteur, et emploient 6.519 personnes. La part de l’emploi industriel à l’export est de 84%. La liste des entreprises totalement exportatrices se limitait jusqu’à l’an 2000 à des unités italiennes de confection. L’équilibre sectoriel en matière de génération de postes d’emplois a été concrétisé après la réalisation du projet portant création d’une unité de fabrication de faisceaux de câbles pour voiture, par le groupe industriel allemand DRAXELMAIER.

Articles en relation: Région : Le paradoxe du nord-ouest, si pauvre et si riche (Partie 1)

Jinene Medjerda (Béja) pour conférer de la valeur ajoutée à la région (Partie 2)

Jendouba  : La région qui ne veut plus tourner le dos ni à la mer ni à l’Algérie (Partie 3)

Le Kef  : Siccavenéria et le phosphate pour booster le développement de la région (4)