Les ambassadeurs du Royaume-Uni de l’ère Ben Ali ne se tournaient peut-être pas les pousses, mais leurs collègues qui ont pris le relais après le 14 janvier 2011 sont beaucoup plus occupés –la coopération entre les deux pays ayant pris une autre dimension. Et épanouis ?

Webmanagercenter : Quels sont les autres axes prioritaires de la coopération tuniso-britannique ?

Louise de Souza : Le deuxième axe est l’économie. Nous travaillons avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement pour soutenir les grandes réformes économiques, le développement du secteur financier, notamment pour diversifier les sources de financement des PME.

Nous avons adopté une nouvelle méthode de travail dans le domaine économique. D’abord, nous avons enjoint à toutes les équipes de l’ambassade de travailler ensemble pour avoir une approche intégrée et un meilleur impact.

Cette équipe a développé deux initiatives. La première consiste en une réflexion sur la manière de renforcer les liens commerciaux entre la Tunisie et la Grande-Bretagne, notamment dans la perspective de notre sortie de l’Union européenne. Il y a déjà un potentiel pour développer ces liens et il sera encore plus grand après le Brexit.

Dans ce but, nous allons apporter une assistance technique au Centre de Promotion des Exportations (CEPEX) pour développer les exportations vers la Grande-Bretagne -et d’autres marchés- par un soutien aux entreprises cherchant des opportunités sur ce marché.

La deuxième initiative est menée par une entreprise sociale britannique qui s’appelle “Expectations State“ et qui est en train de travailler avec Tunisian Investment Authority (FIPA) et Smart Tunisia pour promouvoir la Tunisie en tant que destination pour l’investissement étranger, y compris britannique, et d’identifier les projets prêts pour le marché et attirer les investisseurs.

Nous croyons qu’avec ces deux programmes, nous allons renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays, qui profiteront de l’augmentation du volume des investissements britanniques en Tunisie. En effet, il est notable que la Tunisie a beaucoup d’échanges commerciaux avec les pays dont les entreprises sont installées ici.

Qu’est-ce qui a été réalisé dans le domaine de la sécurité ?

La coopération sécuritaire est un autre axe important de l’activité de l’ambassade. Depuis 2015, nous avons travaillé dans le domaine de la sécurité aérienne, des sites touristiques, des zones sensibles et des frontières. Cela se fait dans le cadre du mécanisme G7+7 qui réunit tous les partenaires importants avec les ministères tunisiens concernés par le domaine de la sécurité, c’est-à-dire Intérieur, Défense, Tourisme, Justice, Affaires étrangères, etc. C’est grâce à cette coopération que nous avons pu changer nos avis aux voyageurs, une première fois en juillet 2017 et une seconde en juin 2018. C’est une marque de confiance dans la capacité des Tunisiens à faire face à la menace terroriste.

Nous avons également un programme de développement stratégique dans le domaine de la sécurité, et dans ce cadre, nous avons déjà apporté une assistance technique au Conseil national de sécurité (relevant de la présidence de la République, ndlr). Notre Conseil de sécurité nationale a été une source d’inspiration pour la structure tunisienne.

Enfin, nous sommes également en train de réfléchir sur la manière de soutenir la nouvelle gouvernance de la Tunisie, c’est-à-dire comment aider les nouvelles structures locales à bien servir les citoyens. C’est une question compliquée parce qu’il y a de nombreux partenaires qui sont en train de travailler dans ce domaine.

Propos recueillis par Moncef Mahroug

Lire la première partie:

La nouvelle dimension de la coopération tuniso-britannique, selon Louise De Souza (I)