La Corée du Sud est prête, en partenariat avec la Banque africaine de développement, à intensifier ses transferts de technologies vers l’Afrique. C’est en tout cas ce qu’ont déclaré, jeudi 7 février 2019 à Séoul, des officiels coréens, lors d’une rencontre sur de possibles partenariats technologiques entre la Corée et l’Afrique.
Les représentants de la ville de Busan Metropolitan City, du centre Busan Techno Park et du Green Technology Center coréen jugent que le potentiel de coopération entre la Corée et l’Afrique est immense, de même que les opportunités de projets créateurs d’emplois. L’éventail va de l’agriculture à la croissance verte, en passant par la gestion intelligente des transports urbains et bien d’autres opportunités d’affaires.
«Le futur sera radicalement différent», estime, enthousiaste, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. Qui a indiqué que la Banque entend «étudier la mise en place d’un partenariat stratégique avec la Corée qui puisse déboucher sur la création d’un centre de recherche et de formation africano-coréen sur les drones, ouvrant la voie à la quatrième révolution industrielle de l’Afrique».
«L’expertise coréenne peut apporter une solution concrète, pragmatique, à toute une série de besoins technologiques criants de l’Afrique», de l’avis de Hyung-Ju Kim, qui dirige la division Stratégie mondiale au sein du Green Technology Center. Et d’ajouter : «La Banque africaine de développement pourrait jouer ici un rôle majeur : si nous pouvons apporter la technologie, la Banque peut, de son côté, identifier et faciliter des projets viables à même de décupler la coopération technologique entre l’Afrique et la Corée».
La Banque africaine de développement a d’ailleurs lancé, en coopération avec la ville de Busan et le Busan Techno Park, et grâce à un financement du fonds de coopération Corée-Afrique (KOAFEC), un projet pilote d’utilisation des drones pour la collecte et l’analyse de données au service du développement de l’agriculture en Tunisie : pilotage et suivi des périmètres irrigués, suivi des nappes, des effets des changements climatiques, de la dégradation des terres, de la biodiversité, taux de remplissage et/ou envasement des barrages, suivi des saisons et de la production agricoles…
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La Corée et la Banque africaine de développement envisagent d’étendre ce programme à d’autres régions en Tunisie et à d’autres pays en Afrique et d’explorer l’énorme potentiel de zones industrielles dans d’autres secteurs.
«Nous sommes déterminés à développer l’utilisation de drones au service de l’agriculture en Afrique. Ce que nous faisons aujourd’hui en Afrique détermina, demain, la sécurité alimentaire du monde entier», a lancé Adesina.
Pour le président de la Banque africaine de développement, il est important que le partenariat technologique avec la Corée se traduise par un renforcement des capacités sur le terrain, à travers la formation, pour que l’Afrique s’industrialise, et qu’elle soit également capable de construire ou d’assembler des drones elle-même.
Si Busan a pu s’affirmer comme la capitale mondiale de l’intelligence artificielle, c’est grâce –en partie– à une vision politique qui a conduit le pays à s’imposer comme le premier investisseur mondial dans la recherche et le développement, pouvant se targuer de compter aujourd’hui 12.000 chercheurs et scientifiques.
Face au corps diplomatique africain qu’il a rencontré à Séoul, Akinwumi Adesina a rappelé les trois entraves majeures au développement du secteur privé : l’accès au financement, l’accès à l’énergie et la stabilité. La Banque a d’ailleurs investi 1 milliard de dollars dans AfreximBank, dont 650 millions de dollars de lignes de crédit allouées au financement du commerce et 350 millions à l’assurance du commerce.
La Banque a également investi 630 millions de dollars dans la First Rand Bank et AbSA en Afrique du Sud, pour élargir l’accès au financement du commerce à 20 pays.
Cet effort de financement s’étend aux petites et moyennes entreprises, qui représentent plus de 80% des entreprises en Afrique. Le président de la Banque africaine de développement a cité l’exemple asiatique, où les grandes entreprises se sont appuyées sur toute une chaine de valeurs où opèrent des PME (fournisseurs, sous-traitants…).
La Banque a donc pour stratégie de développer les grandes entreprises en les connectant aux PME, pour une plus grande création de valeur.
Rappelant que sans électricité, il est impossible d’industrialiser l’Afrique, le président Adesina a indiqué que la Banque a fait de l’accès à l’électricité une priorité absolue. L’initiative ‘Desert to Power’, le plus grand projet solaire au monde, entend ainsi développer 10.000 MW dans le Sahel.
Adesina, qui dirige la première institution de financement du développement en Afrique, a souligné qu’en 2018, l’Africa Investment Forum «a permis de mobiliser des engagements d’investissements d’une valeur de 38,7 milliards de dollars en moins de 72 heures, un signal fort de l’intérêt du monde entier à l’endroit des marchés africains émergents».
Mais pour que la Banque africaine de développement continue à appuyer le développement du continent, une augmentation générale du capital est nécessaire.
Akinwumi Adesina a précisé qu’une augmentation de capital menant à un montant additionnel de 11 milliards de dollars changerait la vie de millions de personnes : 105 millions de personnes pourront ainsi avoir accès à l’électricité; 137 millions de personnes bénéficieront de technologies agricoles améliorées; 22 millions d’autres bénéficieront des retombées des investissements dans les projets du secteur privé; 151 millions de personnes auront accès à des services de transport améliorés; et 110 millions de personnes accéderont à de meilleurs services d’alimentation en eau et d’assainissement.
De l’avis du doyen du Conseil d’administration de la Banque africaine de développement, Abdelmajid Mellouki, cette augmentation de capital permettrait à la Banque de fournir des ressources financières aux pays africains à des coûts particulièrement avantageux.