Jeudi 14 février, on a donné le coup d’envoi aux préparatifs de la 2ème édition du Salon des produits du terroir. Les produits du terroir se fraient une voie marchande, grâce à leur identité savoureuse et se positionneraient sur les rayons y compris de la grande distribution et les épiceries fines, leur destination “naturelle“. Ils sont même tentés par l’international. Produits de niches certes, leurs retombées économiques sont considérables.
Les préparatifs du Salon des produits du terroir ont commencé 14 février, jour de la Saint-Valentin, ce qui vient rappeler l’engouement que suscitent ces produits auprès des Tunisiens. Mais ce n’est pas qu’une simple affaire de bon goût, c’est surtout question de management d’une filière économique prometteuse.
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Cette initiative est encadrée par diverses institutions qui poussent toutes dans la même direction, l’ennoblissement de cette filière, au potentiel remarquable. Les effets en retour sont importants comme le soulignent toutes les parties prenantes qui constituent un dispositif sécurisant pour l’avenir des produits du terroir.
Bien entendu, cela servira le business, mais également l’image du pays, sans oublier l’inclusion régionale.
Last but not least, cela représente un coup de pouce précieux aux femmes rurales qui sont la cheville ouvrière de ce secteur d’activité, aussi laborieux que savoureux.
Rappelons à ce titre que l’UNESCO réglemente le secteur. Un produit du terroir doit avoir au moins soixante ans d’âge, et doit représenter un savoir-faire confirmé. Une tradition affirmée et un profil identitaire bien appuyé. Labeur et saveur font donc bon ménage ensemble, nous projetant dans une dimension culturelle.
Un encadrement de proximité
La tribune d’honneur était bien garnie ce jeudi 14 courant à la Cité des sciences de Tunis, qui a abrité la manifestation.
Pourquoi la Cité des sciences ? C’est parce que le Salon tunisien se démarque de son aîné, le Salon suisse lequel en est à sa huitième édition et de son cadet marocain qui en est à sa troisième. En effet, l’initiative tunisienne, à la différence de ses homologues, assure une prise en mains constante de tous les entrepreneurs engagés dans cette aventure. La Cité des sciences intervient donc pour valider les recherches sur la qualité conduites par l’INAT (Institut national d’agronomie de Tunisie).
Le programme tunisien est intimement accompagné par le secrétariat d’Etat de la Confédération suisse ainsi que l’ambassade suisse en Tunisie, lesquels apportent un soutien financier. L’ONUDI (Organisation des Nations unies pour le développement industriel), pour sa part, est à pied d’œuvre via le programme PAMPAT (Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et du terroir), compte tenu de sa composante “développement des régions“.
Vient ensuite l’Ecole nationale des arts graphiques et du design pour la composante “packaging“, pièce maîtresse du plan marketing. L’idée est de veiller à un habillage attractif et surtout fait de matières locales naturelles, tel l’alpha ou le cuir. Bien entendu l’APIA (Agence de promotion des investissements agricoles) reste le maître d’œuvre de tout ce chantier, et c’est elle qui donne le ton.
Les partenaires collatéraux
A côté de ces parties prenantes directement impliquées dans la ligne du produit, on trouve des partenaires “collatéraux“. On cite notamment le ministère du Tourisme -qui y perçoit une possibilité de jeter les ponts avec le tourisme écologique. Il y a également la profession des restaurateurs lesquels apportent un enrichissement certain aux recettes de consommation des produits du terroir. Ainsi, Mounir Arem, chef primé à l’international, présent ce jour-là, évoquait, au grand ravissement des participants, ses audaces et ses caprices de chef avec la harissa.
En effet, par un tour de main spectaculaire, Mounir Arem a marié la harissa avec le vinaigre balsamique ou le Xéres, augurant d’un deuxième départ dans l’art culinaire pour ce produit cantonné, jusque-là, à des recettes basiques.
Et il y a la grande distribution qui a fini par réserver des rayons dédiés aux produits du terroir. Ainsi que l’épicerie fine qui contribue activement au rayonnement de ces produits.
Par-dessus tout, nous apprécions l’implication de la Chambre nationale des femmes cheffes d’entreprise laquelle considère que le savoir-faire des produits du terroir a pu se cultiver et se perpétuer grâce à l’engagement et au dévouement des femmes rurales. La présidente de la Chambre, présente à la manifestation, a rappelé qu’il faut transformer cette occasion en une possibilité d’aider les femmes rurales à développer cette filière. Elles y gagneraient en émancipation et apporteraient à la fois un levier d’inclusion dans les régions. C’est cela qui pimente l’expérience tunisienne.
Le répertoire national des produits du terroir s’agrandit
Conformément aux prescriptions de l’UNESCO, le catalogue national des produits du terroir est réalisé. A la première édition du Salon, il comptait 220 produits, il en compte actuellement 236.
La liste n’est pas exhaustive, car cinq catégories sont prévues par l’UNESCO dont les fruits, les jus, les condiments, le miel. On s’en doute bien, l’huile d’olive ainsi que les olives de table et la harissa y figurent en tête de liste. Bien entendu, il faut y ajouter les dattes de Tozeur et Tamaghza, les figues de barbarie et les figues de table de Djebba. Ces derniers y ont une place de choix car ils ont ouvert la voie –enfin !- aux produits du terroir et à la filière bio.
En réalité, cette labellisation garantit la notoriété parce qu’elle fixe les repères des produits. Elle est composée de quatre critères, à savoir la typicité du produit, son ancrage physique au territoire, son ancrage historique et le savoir-faire local. Et ce marquage donne une nouvelle identité aux produits du terroir.
A titre d’exemple, une jeune entrepreneure qui fabrique du jus de fraise raconte que la grande distribution l’a ignorée tout le temps qu’elle se présentait sous son nom propre. Dès l’obtention de la labellisation PAMPAT, certifiant tous les critères, elle a pu être référencée par la grande distribution, et bientôt elle aura sa place sur les rayons.
Quid de l’avenir ?
Tout le travail de profilage marchand, tels que la labellisation, le packaging, l’étiquetage et le code à barre qui ont fini par être adoptés par les producteurs, quelles perspectives s’ouvrent aux produits du terroir? Nous pensons que, une fois joliment liftés en l’état, les produits du terroir vont pouvoir creuser leur sillon sur le marché local. D’ailleurs, le dispositif d’encadrement sus évoqué pousse les producteurs à s’équiper pour augmenter leur capacité de production.
Nous rappelons que seuls les producteurs, dont les entrepreneurs individuels, dûment patentés auprès du fisc sont autorisés à concourir. Il ne faut pas y voir un critère dissimulé de discrimination, bien au contraire. Le statut d’assujetti ouvre les portes du crédit et des subventions. Le plus probable est que ces entités se développent, totalement atomistiques, en mode mutualiste, qui est une forme de capitalisme favorable à l’insertion des ruraux dans le tissu marchand national. Outre que cela leur ouvrirait les voies de l’exportation étant donné que des bailleurs de fonds internationaux participent à ce programme.