L’inscription de la Tunisie par la Commission européenne sur la liste mise à jour des pays tiers aux faibles dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme “ajoute aux défis auxquels le secteur bancaire du pays est confronté”, explique l’agence de notation Fitch Ratings dans un communiqué publié mardi 19 février.
“Les banques européennes souhaitant continuer à établir des correspondances et d’autres relations bancaires en Tunisie devraient, désormais, procéder à des contrôles accrus de toutes les opérations financières impliquant des établissements financiers tunisiens et leurs clients. En conséquence, certaines banques de l’UE peuvent choisir de réduire les risques en coupant plutôt leurs liens avec les institutions financières tunisiennes”, fait remarquer l’agence de notation.
Même si les banques tunisiennes ne dépendent pas beaucoup des banques internationales pour se financer, mais “l’annonce de la Commission européenne pourrait encore assécher les rares sources de financement en euros dans un pays où le secteur bancaire est déjà confronté à de fortes contraintes de liquidité, principalement en dinar mais également en devises”.
Les banques internationales renforcent souvent leurs processus internes de souscription et de connaissance de la clientèle pour les banques pour lesquelles des lacunes potentielles dans les cadres de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ont été signalées.
Les banques tunisiennes ont généralement tendance à avoir des courtes nettes positions en devise (la position nette dans une devise est qualifiée de courte nette lorsque les dettes excèdent les avoirs).
Mais les positions ouvertes en devise et l’accès aux devises sont surveillées de près par la Banque centrale de Tunisie (BCT), reconnaît Fitch Ratings. Les banques doivent passer des accords avec la BCT pour échanger tous les excédents de liquidités en devises en dinars, assortis de clauses de rachat à taux fixe et à date, explique l’agence de notation.
Elle considère, par ailleurs, que toute réduction du nombre des avoirs en devises pour les banques, déclenchée par l’action de la Commission européenne, limiterait leur capacité à conclure ces échanges, fermant ainsi un mécanisme leur permettant d’accéder à des liquidités en dinars indispensables. Le secteur dépend déjà de la BCT, qui finance environ 13% à 15% de ses actifs.
Fitch Rating rappelle, dans ce cadre, que ses perspectives pour le secteur bancaire tunisien sont négatives, reflétant la perspective de liquidités toujours tendues, de coûts de financement en hausse et d’une activité économique faible.
“L’inscription de la Tunisie à la liste mise à jour de la Commission européenne n’est pas surprenante, étant donné que, en décembre 2018, le Groupe d’action financière (sur le blanchiment d’argent) a qualifié le pays de “non conforme” aux normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme”, conclut Fitch Rating.
La Commission européenne avait maintenu la Tunisie, la semaine dernière, sur la liste actualisée des pays aux faibles dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
La liste a été établie sur la base d’une analyse de 54 juridictions prioritaires préparée par la Commission en consultation avec les Etats membres. Selon la Commission européenne, l’objectif de cette mise à jour est “de protéger le système financier de l’UE en luttant mieux contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme”.
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