Marouane El Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), promet une baisse du taux d’inflation à moins de 7% à la fin de l’année 2019 (entre 6,8 et 6,9%) et ce après le relèvement, mardi 19 février, du taux directeur de 100 points de base.
En effet, le Conseil d’administration (CA) de la BCT a décidé de relever son taux directeur de 100 points de base, le portant ainsi de 6,75% à 7,75% afin de faire face aux pressions inflationnistes qui représentent un risque pour l’économie et une menace pour le pouvoir d’achat, nécessitant une prise de mesures appropriées pour réduire leurs effets négatifs.
El Abassi explique, au cours d’une conférence de presse consacrée à la décision du CA de réviser à la hausse le taux directeur, que si cette mesure n’est pas prise, le taux d’inflation en Tunisie sera à deux chiffres.
Il est à rappeler que cette augmentation du taux directeur est la troisième consécutive. Ce taux a été augmenté, pour la première fois le 8 mars 2018, de 75 points de base (de 5% à 5,75%), puis le 13 juin 2018 (de 5,75% à 6,75%).
Le gouverneur de la BCT souligne que la Tunisie, qui devait terminer l’année 2018 avec un taux d’inflation de 8,5%, a réussi à la stabiliser à 7,5% en raison de la décision prise deux fois l’année dernière de revoir à la hausse le taux d’intérêt directeur.
Il affirmera que la décision d’augmenter le taux directeur de 1% (100 points de base) “n’est pas une décision facile, mais nécessaire”. Le CA a approuvé, mardi 19 février, cette mesure à l’unanimité afin de ramener l’inflation à des niveaux raisonnables, a-t-il encore précisé.
El Abassi a, en outre, mis l’accent sur l’indépendance de la BCT, précisant qu’il n’a consulté aucune partie gouvernementale ou professionnelle. “Notre responsabilité est de défendre le pouvoir d’achat du citoyen en évitant d’atteindre des taux d’inflation à deux chiffres”, a expliqué El Abassi.
Par ailleurs, Marouane El Abassi a exprimé son inquiétude quant à l’aggravation de déficit commercial “devenu structurel” qui a atteint des niveaux record (20 milliards de dinars à la fin de 2018), rappelant qu’il a augmenté, en 2018, pour atteindre 11,2% du PIB contre 10,2% en 2017.
Le gouverneur de la BCT a, également, évoqué la chute de la valeur du dinar tunisien lequel a baissé, en 2018, de 12,9% par rapport à l’euro et de 8,6% par rapport au dollar, expliquant que cette dépréciation a eu des répercussions directes sur le taux de couverture, outre l’impact sur le taux d’inflation importé.
Évoquant les mesures d’accompagnement qui devraient être prises pour réduire le déficit commercial, il a précisé qu’il est nécessaire de traiter, à court terme, le déséquilibre des circuits de distribution, la contrebande et le monopole qui ont impacté les prix. Il s’agit, également, de maîtriser les systèmes de production pour certains secteurs à l’instar de la volaille et des œufs.
Il a en outre évoqué la nécessité de retrouver le rythme réel de la production de phosphate.
Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les échanges avec le marché libyen afin de retrouver au moins le niveau d’avant 2011, soit des exportations tunisiennes d’une valeur de 2 milliards de dinars contre 800 millions de dinars actuellement.
Enfin, El Abassi appelle l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) à accélérer l’examen du projet de révision du Code de changes qui permettra à la Tunisie de mobiliser des ressources financières en devises.