“Il est urgent de redéfinir la mission de la BCT, en l’adaptant aux besoins de l’économie tunisienne (chômage, croissance, investissement), plutôt qu’à l’idéologie du FMI”. C’est en tout cas ce qu’estime l’Observatoire tunisien de l’économie, dans un post publié jeudi 21 février.
Ce post intervient deux jours après la décision du Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) de relever de 100 points de base le taux d’intérêt directeur, pour le situer au niveau de 7,75%, soit une hausse de 35%, depuis le mois de mai 2018.
L’Observatoire rappelle que le FMI avait déclaré, dans un communiqué publié le 30 mai 2018, que “des mesures décisives sont nécessaires cette année pour lutter contre l’inflation”, laquelle avait atteint 7,7 %, un niveau jamais atteint depuis 1991, année où la Tunisie était également sous ajustement structurel du FMI dans le cadre d’un Mécanisme élargi de crédit (1988-1992)”.
Il a expliqué que le FMI a estimé que l’inflation en Tunisie est d’origine monétaire (provenant d’une trop grande distribution de crédits), et ainsi, a préconisé d’augmenter les taux d’intérêt, alors qu’en réalité l’inflation est le résultat de “la libéralisation du dinar en avril 2016 et encore à son décrochage en mars 2017.
“L’échec de la politique monétaire promue par le FMI est donc total. Non seulement l’inflation n’est pas monétaire, mais elle est issue directement, des politiques imposées par le FMI, notamment relatives à la libéralisation du dinar, à l’augmentation de la TVA et des prix de l’essence”, souligne l’Observatoire.
“Le FMI avait imposé à la Tunisie, en avril 2016, rappelle l’observatoire, de faire passer la loi sur l’indépendance de la BCT, avec pour mission principale de lutter contre l’inflation, tout en libéralisant le dinar. Ce changement structurel s’est matérialisé par la publication, le 10 mars 2017, mois où le dinar a subi son plus grand décrochage, d’une circulaire de la BCT instituant la nouvelle politique monétaire de la BCT inspirée de l’idéologie du FMI”.
“Pour preuve, l’augmentation du taux directeur de la BCT en avril et mai 2017, n’a eu aucun impact sur l’inflation. En réalité, l’inflation n’a jamais été aussi grande que depuis que le FMI a imposé à la BCT de ne se focaliser que sur la lutte contre l’inflation”, a-t-il encore noté, soulignant que “l’augmentation des taux d’intérêt sont en train d’étouffer financièrement les ménages et les entreprises en Tunisie”.