Les technologies de l’information et de la communication (TIC), porte d’accès au monde virtuel, sont aujourd’hui considérées comme étant parmi les principales causes directes de la propagation de l’extrémisme et de la radicalisation des enfants et des jeunes lorsque l’usage n’est pas contrôlé.
C’est ce qu’estime Mondher Afi, expert en sociologie, qui s’exprimait à l’occasion d’une table ronde tenue, mardi 26 février à Tunis, sur le thème “la lutte contre l’extrémisme violent, le cadre théorique et l’échange des bonnes pratiques internationales”, organisée à l’initiative de la présidence de la République et du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées-Genève (DECAF).
“L’espace virtuel est le plus grand espace, par le biais duquel, s’opère la polarisation des jeunes vers l’extrémisme et le terrorisme, dès lors qu’il est établi que ceux qui guettent derrière leur ordinateurs sont réputés pour leurs maîtrise avancée de la technologie et des supports numériques, a expliqué Afi.
Selon lui, c’est à la famille et à l’école qu’incombe la responsabilité de prémunir les enfants et les jeunes de ces dangers, à travers le contrôle du temps passé sur les réseaux sociaux en particulier et dans le monde virtuel en général.
L’expert a également souligné l’impératif de créer des plateformes éducatives pour immuniser les jeunes, et d’instaurer une culture informatique nationale, gage de sauvegarde de l’identité et des valeurs d’équilibre et de modération qui soient capables de s’imposer en tant qu’alternative assez engageante pour attirer les jeunes vers des espaces plus équilibrés, soulignant que ce rôle incombe en premier lieu, aux établissements éducatifs.
Approches préventives et sensibilisation
Pour sa part, l’Amiral Kamal Akrout, premier conseiller à la Sécurité nationale auprès du président de la République, a souligné que les enfants et les jeunes sont les catégories les plus ciblées par le phénomène, d’où la nécessité de les protéger par le biais d’approches préventives et par la sensibilisation, qui font prévaloir le rôle de l’école et de la famille dans l’effort de prévention.
Bientôt des clubs dans les écoles…
De son côté, Kamel Hajjem, directeur de l’enseignement primaire au sein du ministère de l’Education, a annoncé le lancement imminent d’un projet culturel national de création de clubs et d’activités dans les écoles primaires, les collèges et les lycées, mesure visant à éduquer à la citoyenneté, à la coexistence, au respect des autres, à l’acceptation et au respect des opinions divergentes.
Il s’agit de développer chez l’enfant la capacité d’écoute, d’acceptation des différences et d’intégration positive dans la société.
Dans cette perspective, Samah Yahyaoui, responsable du bureau du transport scolaire et des activités culturelles, sportives et sociales à l’Office des œuvres scolaires relevant du ministère de l’Education, a déclaré que des programmes spéciaux ont été principalement mis en place pour les élèves pensionnaires et demi-pensionnaires, considérés comme faisant partie de la catégorie la plus vulnérable, étant donné qu’ils séjournent loin de leurs familles.
La responsable a fait part, dans ce contexte, d’un programme intégré qui a été élaboré en collaboration avec l’Institut allemand Goethe, au profit des enfants âgés de 12 à 20 ans à travers toute la République, et particulièrement au niveau des zones frontalières.
L’idée consiste à exposer les enfants aux formes que prend le phénomène de l’extrémisme et les moyens d’y faire face à travers l’approche de l’élève intermédiaire et de l’élève médiateur.
Le même programme a été soumis à des psychologues au ministère de l’Education. Il est prévu de dispenser une formation pour les surveillants généraux et les surveillants opérant dans les internats ainsi que pour certains enseignants chargés de superviser les cellules d’écoute pour les élèves et d’adopter une approche participative donnant l’opportunité aux élèves, d’évaluer à leur niveau, l’ampleur du phénomène.