“Le gouvernement est responsable de la montée record du taux d’inflation, à cause de son recours excessif au refinancement auprès des banques via les Bons du trésor. Ces banques se refinancent à leur tour auprès de la BCT et réalisent des bénéfices, sans qu’il y ait derrière une réelle création de richesses”, accuse l’expert en économie, Ridha Chkoundali.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP, il a expliqué que “cette démarche serait d’autant plus improductive qu’elle prive l’investissement privé des liquidités nécessaires, limitant ainsi les possibilités d’améliorer la croissance et de réduire le chômage”.
“Les ménages tunisiens ne sont ainsi que très peu responsables de la montée de l’inflation (7,1% actuellement) à travers les crédits qu’ils contractent auprès des banques”, a-t-il ainsi estimé.
Lors d’une plénière tenue lundi 25 février 2019, le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi, avait expliqué l’augmentation du taux directeur de 100 points de base (de 6,75 à 7,75%) par la poursuite des pressions inflationnistes en raison notamment de l’évolution du nombre des crédits contractés par les ménages. Lesquels crédits entraînent une augmentation de la consommation des produits locaux et surtout importés.
Toujours selon lui, la logique défendue par la BCT est qu’une augmentation du taux directeur pourrait réduire les crédits octroyés aux ménages et partant la consommation familiale, en particulier, des produit importés, ce qui limiterait au final les déficits commercial et courant et soutiendrait le dinar tunisien, dans un contexte de détérioration des réserves en devises (85 jours d’importation).
“Or la majorité des crédits contractés par les ménages sont, en réalité, destinés à l’achat ou à la construction de logements, ce qui est déjà une sorte d’investissement, étant donné l’impact positif que cela pourrait avoir sur la dynamique économique et l’emploi”.
A l’instar d’autres experts, Chekoundali a fait état de l’évolution remarquable du produit net bancaire de plusieurs banques commerciales, durant les deux dernières années, suite à la hausse du taux d’intérêt directeur, 9 fois consécutives, depuis janvier 2013, et surtout durant l’année 2018.
“Cette hausse a drainé des recettes importantes aux établissements bancaires, générées notamment grâce à l’endettement de l’Etat via l’achat des bons de trésor”, a-t-il ajouté.
D’après lui, les banques évitent le risque de financement des investissements privés, surtout durant cette conjoncture transitoire marquée par l’instabilité politique. L’investissement privé est aussi taxé, d’après lui, par les blocages administratifs, la hausse de la pression fiscale et l’augmentation des prix des hydrocarbures.
Pour rappel, les ressources de l’endettement ont été fixées, pour l’exercice 2019, à 10,1 milliards de dinars, dont 7,79 milliards de dinars d’emprunts extérieurs et 2,35 milliards de dinars d’emprunts intérieurs.
L’expert est allé jusqu’à dire que “la finalité de la hausse du taux d’intérêt directeur est en réalité de garantir une meilleure rentabilité aux banques et assurer des ressources pour financer le déficit budgétaire”.
Le gouvernement, rappelle-t-on, prévoit de réduire le déficit budgétaire à 3,9% en 2019, contre 4,9% en 2018.