Les gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’Afrique de l’Est ont salué, mercredi 27 février à Abidjan, les projets «hautement transformateurs» financés, depuis 2010, par l’institution financière africaine, pour un montant total de 13,8 milliards de dollars.
Les gouverneurs et représentants du Burundi, de Djibouti, du Rwanda, des Comores, du Soudan, du Soudan du Sud, d’Éthiopie, de Tanzanie et d’Ouganda s’exprimaient dans le cadre des consultations annuelles avec le président de la Banque, Akinwumi Adesina, et ses dirigeants.
Ces consultations ont permis aux gouverneurs de présenter leurs besoins en termes de développement ainsi que les opportunités dans leurs pays respectifs.
Pour les gouverneurs, la Banque est un «partenaire de confiance pour la fourniture de solutions innovantes», en référence aux projets qu’elle finance dans les TIC, l’éducation, la gestion des finances publiques, l’énergie, le transport, l’eau et l’assainissement.
Selon le gouverneur temporaire pour le Soudan, Makki Mohamed Abdelrahim Alian, «le Soudan a besoin des High 5 de la Banque car ils correspondent à ses propres besoins». Grâce au programme «Nourrir l’Afrique» de l’institution, le continent «sera en mesure de se nourrir lui-même et de nourrir le monde, et sera un pionnier dans la production d’aliments sains, qui font l’objet d’une demande importante à l’échelle mondiale», a-t-il ajouté.
Pour le ministre des Finances de l’Éthiopie, Ahmed Shide, «l’Éthiopie souhaite vivement progresser sur la voie de l’intégration régionale et consolider l’accord de paix qu’elle a signé avec l’Érythrée afin de tirer parti du soutien de la Banque en faveur de projets d’infrastructures régionaux. Les possibilités de collaboration avec la Banque ne manquent pas dans le cadre de nos ambitieux projets d’infrastructures».
Ce à quoi le président Adesina a répondu : «Nul doute que la signature historique de l’accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée a multiplié les perspectives d’investissement de la Banque dans la Corne de l’Afrique».
Le président de la Banque a reconnu le rôle majeur des 13 États d’Afrique de l’Est, membres du Conseil de la Banque africaine de développement, dans le processus de transformation économique du continent. Avec ses 340 millions d’habitants, la région est la zone économique d’Afrique avec la plus forte croissance (largement supérieure aux 4% enregistrés en moyenne sur le continent), avec un PIB régional en hausse de 5,7% en 2018. Selon les projections, l’Afrique de l’Est devrait connaître une croissance de 5,9% cette année et de 6,1% en 2020.
«Malgré ces progrès, il reste de grands défis à relever, lesquels entravent les efforts pour éradiquer la pauvreté et stimuler la croissance et le développement économique de la région», a averti l’économiste en chef de la Banque, Célestin Monga. Selon lui, la région reste exposée à des menaces en matière de paix et de sécurité ainsi qu’aux effets du changement climatique, à un endettement public croissant et à des inégalités dans le développement des infrastructures.
Le directeur général de la Banque pour l’Afrique de l’Est, Gabriel Negatu, a présenté plusieurs projets financés par l’institution. Son portefeuille actuel est estimé à 11,6 milliards de dollars. L’an dernier, le montant des approbations souveraines et non souveraines a atteint 2,18 milliards de dollars.
Parmi les projets transformateurs d’ampleur, figurent le plus grand parc éolien d’Afrique, sur les rives du lac Turkana au Kenya ainsi que les installations d’interconnexion électrique entre l’Éthiopie et le Kenya.
Toujours au Kenya, le projet «connectivité du dernier kilomètre», lancé par la Banque, a assuré le raccordement de plus de trois millions de personnes.
En Ouganda, le projet hydroélectrique de Bugagali a permis de doubler l’alimentation électrique du pays, de réduire les tarifs de gros de 66% et de diminuer le coût de l’électricité pour les populations.
Gabriel Negatu a également précisé que la construction de l’axe routier entre Addis Abeba, Nairobi et Mombasa avait contribué à quintupler le volume des échanges commerciaux entre le Kenya et l’Éthiopie.
Dans le domaine des technologies, la Banque a financé un projet de câble sous-marin de 1 900 km entre Dar es-Salaam (Tanzanie) et les Seychelles, accélérant nettement le débit de l’Internet.
Au Rwanda, le Fonds pour l’innovation a contribué à positionner le pays en tant que plaque tournante régionale des services de TIC.
La Banque a confirmé devant les gouverneurs que la deuxième édition du Forum pour l’investissement en Afrique aurait lieu en novembre prochain à Johannesburg. Comme l’a souligné Stella Kilonzo, directrice principale du Forum, «construire une filière solide de projets bancables bien en amont du prochain Forum est une priorité».
De son côté, le responsable de la gestion des risques au sein du Groupe, Timothy Turner, a présenté de nouveaux produits financiers visant à optimiser le bilan de la Banque, y compris le «Room2Run», un portefeuille innovant de titrisation synthétique d’une valeur d’un milliard de dollars.
Les gouverneurs ont soutenu le projet d’une augmentation générale du capital de la Banque, en s’appuyant sur l’impact des projets transformateurs et des investissements de la Banque dans leurs pays respectifs.
Selon la vice-présidente chargée des finances, Swazi Tshabalala, «une hausse générale du capital permettra de renforcer l’avantage comparatif de la Banque en matière de gouvernance, de mobilisation de ressources, d’intégration régionale, d’infrastructures et de développement du secteur privé».
Adesina a tenu à remercier les gouverneurs de leur confiance sans faille à l’égard de la Banque. «Votre présence ici compte beaucoup. Vos contributions sont essentielles. Votre appui est également crucial. Je ne doute pas que vous continuerez à parler en faveur de l’Afrique».