La Bourse de Tunis entame l’application d’une stratégie triennale visant à améliorer l’accès des femmes aux postes de décision dans les entreprises cotées, a déclaré, vendredi, Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse de Tunis.
S’exprimant lors d’une rencontre organisée par la Bourse de Tunis conjointement avec la Commission de la condition de la femme de l’ONU et la Société financière internationale, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, il a indiqué que cette stratégie tourne autour de trois axes.
Il s’agit d’abord, selon Sahnoun, d’encourager les sociétés cotées en bourse à adhérer au principe d’égalité des chances et à établir l’égalité entre les hommes et les femmes au niveau d’accès aux postes de décisions au sein de ces sociétés.
Il est, ensuite, question de définir un indicateur qui détermine le niveau d’adhésion des entreprises cotées en bourse à adopter des politiques favorables à la bonne gouvernance, notamment en matière d’égalité des sexes et de protection de l’environnement, a indiqué Sahnoun, soulignant qu’un bon indicateur obtenu à ce niveau est de nature à booster l’image de marque de ces sociétés et à augmenter leurs chances de drainer les investissements étrangers.
Le troisième axe consiste, selon l’orateur, à encourager les entreprises cotées en bourse à investir dans des produits “respectueux de l’environnement” afin d’attirer davantage de fonds internationaux pour investir dans ces produits.
De son côté, Abderraouf Boudabbous, conseiller à la Bourse de Tunis, a souligné que la définition de cette stratégie s’est imposée au vu des “résultats choquants” de la première enquête menée par la Bourse de Tunis sur “la responsabilité sociétale des entreprises cotées à la bourse de Tunis et le niveau de représentativité des femmes dans les postes de décision”.
L’étude en question a révélé que la composante féminine est pratiquement absente des postes de décision des sociétés cotées à la bourse de Tunis qui sont au nombre de 82, a-t-il dit, indiquant que le nombre de conseils d’administration présidés par des femmes ne dépassent pas 6 conseils, tandis que 2 femmes seulement occupent la position de directrices générales au sein de ces sociétés.
Il ajouté que sur les 27 entreprises financières cotées en bourse, les femmes n’occupent que 33 des 280 sièges des conseils d’administration de ces sociétés.
Pour sa part, Hela Skhiri, chargée du “Programme National-ONU Femmes-Tunisie”, a déclaré que la faiblesse de la présence des femmes aux postes de décision ne se limite pas à la Tunisie, mais concerne, aussi, la région de l’Afrique du Nord où le nombre des femmes fonctionnaires est 20% moindre que celui des hommes.
Elle a souligné que plusieurs obstacles se dressent devant les femmes qui ambitionnent d’accéder aux postes de responsabilité, dont, le mariage précoce dans les pays en voie de développement, où une fille sur trois se marie avant l’âge de 18 ans, indiquant que 90% des pays à travers le monde, dispose d’au moins une loi, discriminatrice envers la femme.
Pour sa part, Begona Lasagabaster, représentante d’ONU Femmes en Tunisie, a déclaré que les femmes tunisiennes et arabes se doivent de supprimer les obstacles et les barrières les empêchant de rivaliser avec les hommes.