Abdelkader Bouslama, membre du bureau national de l’Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (IJABA) a démenti, mercredi 13 mars, l’existence de négociations ou de concertations entre l’Union et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, affirmant que les salaires du mois de mars des enseignants grévistes affiliés à l’Union ont été gelés.
Dans une déclaration à l’Agence TAP, en marge d’une séance d’audition des représentants de IJABA par la Commission de la jeunesse, des affaires culturelles, de l’éducation et de la recherche scientifique à l’Assemblée, Bouslama a brandi la menace d’une année blanche en l’absence de solution dans le dossier de l’enseignement supérieur.
“Eviter une année blanche reste possible si l’autorité de tutelle accepte de retourner à la table des négociations avec IJABA”, a-t-il dit. Et le durcissement des protestations pourrait prendre fin si l’accord du 7 juin 2018 est mis en œuvre, et si le ministère de l’Enseignement supérieur renonce à la réforme du système LMD, a-t-il ajouté.
Selon Bouslama, le projet de réforme préconisé par le ministère consiste à unifier les deux licences, appliquée et théorique, en une seule licence (appliquée), estimant qu’une telle mesure est de nature à porter un grand préjudice à la recherche scientifique, compte tenu des besoins du marché du travail en diplômés en licences appliquées, tandis que la recherche scientifique est basée sur la licence théorique, selon lui.
Pour sa part, Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a réaffirmé mercredi dans une déclaration à l’Agence TAP que le ministère rejette les formes de protestation qui prennent les étudiants en otage, en allusion à la décision de l’Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (IJABA) de recourir à l’escalade suite au gel des salaires des enseignants, en grève administrative depuis le 02 janvier 2019.
Il a, cependant, assuré que son département demeure ouvert au dialogue, rappelant que le gouvernement s’est engagé à revoir à la hausse les salaires des professeurs universitaires et que ces derniers bénéficieront de négociations spécifiques portant sur une majoration salariale, à partir du mois de juillet de l’année en cours.
IJABA a qualifié la décision relative au gel des salaires d'”abusive” et d'”illégale”, accusant le chef du gouvernement et le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique d’avoir choisi “la politique de terre brûlée au sein de l’université publique pour ouvrir le champ aux universités privées et étrangères”.
A noter que les enseignants adhérents à l’Union ont boycotté les examens de la session principale du premier semestre suite à la non application par le ministère de tutelle de l’accord du 07 juin 2018 portant sur l’alignement des salaires des enseignants conformément aux diplômes scientifiques.