Le président de l’INLUCC, Chawki Tabib, estime que “le traitement des dossiers de corruption soumis par son instance, reste long globalement malgré certaines améliorations à ce sujet, dont la prise en charge de quelques dossiers par le Pôle judiciaire économique et financier près de la Cour d’appel”.
Il s’exprimait en marge d’un atelier de réflexion sur “La liberté d’opinion et d’expression et la lutte contre la corruption” organisé par l’Instance en partenariat avec l’ambassade de Suède en Tunisie.
En réponse à la position de l’Inlucc vis-à-vis de l’issue judiciaire des dossiers de corruption propres aux secteurs de l’éducation et de la santé, Tabib a estimé que la lenteur de la justice dans le traitement desdits dossiers s’explique essentiellement par le caractère obsolète du système de procédure pénale en vigueur, lequel nécessite d’être révisé.
Le président de l’Inlucc a pointé du doigt, à cet effet, les insuffisances criantes aux niveaux logistique et humain du service judiciaire surtout en ce qui concerne le traitement des dossiers de corruption.
Tabib a fait observer, également, qu’il existe en Tunisie des magistrats qui ne veulent pas assumer leurs entières responsabilités en prenant en charge les dossiers de corruption.”Il faut reconnaître que certains dossiers sont restés en suspens pour un manque de responsabilité de certains magistrats”, a-t-il regretté.
Il a appelé, dans ce sens, le Conseil supérieur de la magistrature à prendre position vis-à-vis de cette question, tout en saluant le courage des magistrats ayant assumé leurs responsabilités dans le traitement des dossiers de corruption liés à la viande avariée, au trafic d’or, et à certaines administrations régionales du gouvernorat de Jendouba.
Concernant la décision du juge d’instruction du 10ème bureau près le Tribunal de première instance de Tunis d’interdire la diffusion de reportages télévisés sur deux chaines privées au sujet du décès tragique des nouveau-nées à la maternité de la Rabta, Tabib a fait savoir qu’il est “pour la liberté d’opinion et d’expression et pour une presse responsable et citoyenne”.
“Les politiques de gouvernance et de lutte contre la corruption en Tunisie ne peuvent exister sans le concours d’une presse libre et indépendante à même de révéler les affaires de corruption et de les divulguer au grand jour”, a estimé Tabib.
Le président de l’Inlucc a souligné que les prérogatives accordées au pouvoir judiciaire en Tunisie par la Constitution, ne peuvent servir en aucune manière de prétextes pour porter atteinte aux libertés garanties par la loi fondamentale de janvier 2014.
“Ça serait manquer de bon sens de s’étonner de l’existence de menaces sérieuses sur la liberté de la presse dans chaque transition démocratique. Cependant, ce qui demeure inacceptable, c’est le silence vis-à-vis de ces intimidations, auxquelles il faudrait faire face”.
L’atelier de réflexion auquel ont pris part des représentants de l’Instance nationale d’accès à l’information, de l’organisation “Article 19”, de la HAICA et du Syndicat national des journalistes tunisiens, a traité de deux axes. Le premier concerne l’impact des atteintes à la liberté d’opinion et d’expression et d’accès à l’information dans l’accentuation du phénomène de la corruption.
Le deuxième axe a abordé la bonne gouvernance et la transparence au sein des établissements médiatiques du secteur public et privé en tant que forme de lutte contre la corruption.