Moez Lidinallah Mokaddem remplace Chiheb Ben Ahmed comme numéro 2 de Poulina Group Holding.
Un an presque jour pour jour après le départ de Karim Ammar de Poulina Group Holding (PGH), où il avait passé près de dix-sept ans, son successeur au poste de directeur général, Chiheb Ben Ahmed –mais pas à celui de successeur quasi désigné du fondateur et président du groupe, Abdelwaheb Ben Ayed- s’en va lui aussi. L’ancien ministre du Transport n’aura passé qu’une année au quartier général de PGH, sis à Ezzahra. Il n’avait en fait que partiellement occupé les fonctions de DG, puisqu’il n’était en charge que de la partie front office, la partie opérationnelle ayant été confiée à Slah Langar, dans le cadre de la nouvelle gouvernance.
Et comme c’est de coutume à PGH, ce remue-ménage se déroule dans la discrétion la plus totale. Pas de communiqué officiel pour annoncer un départ ou une arrivée. Karim Ammar était parti discrètement fin décembre 2017. Chiheb Ben Ahmed avait débarqué de la même manière quelques jours plus tard. Et il s’en va aujourd’hui, comme il est arrivé : sur la pointe des pieds. La seule communication à laquelle sacrifie le groupe est celle qu’exige la loi : par le biais du Journal des Annonces Légales.
En outre, expliquer le pourquoi du comment ne figure nullement dans les traditions de la «maison». Du moins pas officiellement. Mais en creusant un peu, on peut comprendre, grosso modo, les raisons du divorce.
Dans le cas de Karim Ammar, il s’agissait d’un problème relationnel. Avec Chiheb Ben Ahmed, c’est plutôt une question d’inadéquation entre le profil et les exigences du poste. L’expérience avec l’ancien ministre du Transport a de ce fait été jugée non concluante par la présidence de PGH.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’une tentative de «greffe» d’une personnalité venant du secteur public dans le corps de Poulina Group Holding échoue. En 2014, le groupe avait recruté Fouad Daghfous, premier conseiller du président de la République et président de la Commission supérieure des grands projets à la présidence avant le 14 janvier 2011, pour lui confier la conduite du chantier de la mise en place de Poulina Academy, structure de formation professionnelle et d’enseignement supérieur. Mais là aussi, l’expérience avait rapidement tourné court.
Ces deux échecs n’ont pas amené les dirigeants de PGH, Abdelwaheb Ben Ayed en tête, à décider de fermer dorénavant les portes du groupe aux personnalités venant de l’administration et/ou du gouvernement. Par contre, décision a été prise de ne plus solliciter de «seniors» et de faire dorénavant confiance aux jeunes.
C’est ainsi que s’explique le choix de confier de nouveau les commandes de la direction à Moez Lindinallah Mokaddem, l’ancien président directeur général de la Pharmacie centrale de Tunisie. C’est un pur produit de la fonction publique, mais il est plus jeune –il a douze ans de moins que son prédécesseur et ancien patron (il était chef de cabinet de Chiheb Ben Ahmed au ministère du Transport). Alors l’«élève» va-t-il dépasser le «maître» ?
Moncef Mahroug