Un groupe de personnalités nahdhaouies, menées par l’homme d’affaires Lazhar Ben Younes, a créé l’Association du forum du développement et de l’investissement dans le gouvernorat de Médenine.
Parce que l’argent est le nerf de la guerre -et de la politique-, les partis –y compris, certains diront notamment en Tunisie- vont chercher l’argent là où il se trouve : chez les hommes d’affaires. Que les politiques aiment avoir dans leur camp.
Cette quête est particulièrement importante pour le mouvement Ennahdha qui ne comptait pas –du moins jusqu’en 2011- de chefs d’entreprise de poids dans ses rangs. Aussi, n’est-il guère étonnant de voir le parti islamiste multiplier la création d’organisations patronales et/ou ciblant les hommes d’affaires.
En huit ans, trois ont vu le jour jusqu’ici. La plus récente est l’Association du forum du développement et de l’investissement dans le gouvernorat de Médenine (AFDIM).
Basée à Houmet Souk (Jerba) et ayant pour but d’attirer des investisseurs tunisiens et étrangers dans la région pour «créer une dynamique de l’investissement», cette association a vu le jour à l’initiative d’un quatuor constitué de figures d’Ennahdha.
Le premier d’entre eux est Lazhar Ben Younes, homme d’affaires actif à Djerba (Médenine) et en Suisse, a été, avant de rejoindre officiellement Ennahdha –aujourd’hui il est membre de sa section dans cette ville- candidat aux élections du 23 octobre sur une liste de l’«Alliance nationale indépendante», composée de membres du parti islamiste ayant pris une certaine distance, du moins en apparence, comme Abdelfattah Mourou et Moncef Sliti, et de personnalités proches de cette formation, à l’instar de Hamouda Ben Slama, de Radhouane Masmoudi et… de Adnen Mansar.
Les autres fondateurs de l’AFDIM sont Ridha Chkoundali, économiste et représentant d’Ennahdha au Comité des experts du Document de Carthage II (vice-président), Mohamed SaKrafi (secrétaire général), président de l’antenne à Médenine de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) –présidée à l’échelle nationale par un autre nahdhaoui, Abdelmajid Zar-, et Maher Hagui (trésorier).
A peine créé, l’AFDIM a organisé le Forum régional de l’investissement et du PPP du gouvernorat de Médenine (1er et 2 décembre 2018 à Djerba), afin, dans la foulée du Forum international sur les Partenariats publics-Privés tenu à Tunis en septembre 2018, de «présenter aux structures de financement invitées 20 projets de PPP soutenus par les 10 municipalités du gouvernorat de Médenine».
Avant l’AFDIM, deux autres structures ont vu le jour peu de temps après le 14 janvier 2011. La première est l’Association Namaa Tunisie. Preuve de l’importance qu’y accordent les dirigeants du mouvement Ennahdha, cette organisation patronale a été créée à la mi-mars 2011, soit deux semaines à peine après la légalisation de ce parti.
Namaa Tunisie s’est fixé trois objectifs : attirer les investisseurs et les experts, de Tunisie et de l’étranger, afin de lancer des projets créateurs d’emplois, en particulier dans les zones prioritaires, apporter des conseils notamment aux diplômés de l’université pour les aider à devenir entrepreneurs, et établir des liens avec des organisations similaires.
Huit ans après, Namaa Tunisie est toujours active et s’investit aussi beaucoup à développer la coopération et les échanges commerciaux principalement avec les pays musulmans, dont en particulier la Turquie.
La deuxième structure à s’installer dans le paysage patronal et dans le sillage du mouvement Ennahdha est le Forum économique et des affaires tunisien (FEAT)…
Ce FEAT, initié en collaboration avec des personnalités nahdhaouies –dont le député Hédi Brahem- s’était donné pour objet l’élaboration d’étude, l’organisation de conférences afin d’encourager l’investissement en Tunisie. Cette organisation n’a plus fait parler d’elle depuis plus de cinq ans.
Moncef Mahroug