Tunis abrite, le 31 mars 2019, le 30e Sommet arabe dans un contexte de crises, de conflits et de divergences interarabes, qui s’ajoutent aux grandes mutations qui traversent la région.
L’unité arabe aura-t-elle encore un sens avec la persistance des dissensions au sein du Conseil de coopération du Golfe ? La position équilibrée de la Tunisie sur cette question devrait l’habiliter à jouer un rôle d’intermédiation.
Malgré les nombreuses critiques sur l’incapacité de la Ligue des Etats arabes à influer sur de nombreuses questions régionales et à impulser les relations arabes, la Ligue reste la maison commune des Arabes à laquelle ils font recours pour traiter les problèmes internes et internationaux et trouver des solutions aux défis qui menacent leur Nation.
La perte de confiance de l’élite et de la population arabes vis-à-vis de la Ligue s’explique précisément par son incapacité à répondre à leurs attentes en termes de solidarité et de concorde.
Le sommet de Tunis réussira-t-il à rompre avec cette situation de désespérance, même partiellement ? Ou s’inscrira-t-il dans la continuité des précédents sommets en se posant comme simple cadre de réunion qui donne lieu à des recommandations destinées à rester dans les tiroirs de l’organisation, jusqu’à la rencontre suivante.
Le sommet de Tunis traitera-t-il les questions arabes dans l’esprit de trouver des solutions adéquates, notamment après la décision du président Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie et la reprise en main progressive du territoire par les forces régulières, avec le recul de Daech et des groupes extrémistes?
Le retour de la Syrie au bercail arabe est devenu une nécessité impérative. Un appel dans ce sens par le sommet de Tunis ne pourra que donner un nouveau souffle à l’organisation panarabe.
Le dossier libyen sera, lui aussi, largement présent au sommet de Tunis où il sera question d’encourager toutes initiatives émanant des pays voisins, arabes ou africains, sans oublier le rôle central du Conseil de sécurité de l’ONU dans le dénouement de la crise.
L’accent sera mis sur l’impératif de renforcer le dialogue entre les protagonistes libyens pour trouver, eux-mêmes, des solutions viables susceptibles de garantir l’unité du pays et son autodétermination et de lui permettre de recouvrer son rôle agissant au sein de la ligue.
Pour ce qui est de la crise yéménite, les dirigeants arabes œuvreront, lors de ce sommet, à mettre fin à ce conflit qui, selon l’ONU, a engendré une catastrophe humanitaire majeure, des millions de personnes souffrant de famine et d’épidémies.
Quant à la cause palestinienne, elle sera, comme toujours, au cœur des travaux du sommet, au vu de la situation dramatique dans les territoires occupés, après le transfert de l’ambassade des Etats-Unis à Al-Qods, en mai 2018, décision à laquelle d’autres pays ont emboîté le pas, malgré la condamnation arabe et les récriminations d’une bonne partie de la communauté internationale.
Cette décision va à l’encontre du droit du peuple palestinien à l’établissement d’un Etat souverain ayant comme capitale Al-Qods.
Le sommet de Tunis devra, d’autre part, jouer un rôle important dans l’unification des rangs palestiniens et la réalisation d’une vraie réconciliation.
Il est impératif que le sommet de la ligue oeuvre pour un minimum de solidarité et de concorde arabes, dans un contexte marqué par des dissensions et la bipolarisation.
Les dirigeants arabes avaient décidé de tenir, en Tunisie, la 30e session ordinaire du conseil de la Ligue des Etats arabes, au sommet, après le désistement du Bahreïn.