Les cadres législatifs ne suffisent pas pour protéger le patrimoine matériel, ont souligné à l’unanimité les participants à la séance scientifique autour du “cadre législatif et réglementaire de la protection du patrimoine matériel” qui s’est déroulée vendredi 22 mars.
Cette séance s’inscrit dans le cadre des travaux de la première journée du 3ème Forum international sur “L’importance de la bonne gouvernance dans la préservation du patrimoine matériel”, qui se tient du 22 au 24 mars 2019 à l’initiative de l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO).
Dans son intervention, l’ancien président de l’Organisation arabe des jeunes avocats en Algérie, Ahmed Bouchiba, a indiqué que le cadre législatif présente des lacunes au niveau de la classification du patrimoine et l’identification des moyens de le protéger et de le valoriser.
Parlant de la loi algérienne, l’avocat explique que la loi a “délaissé” le patrimoine amazigh en portant plutôt un intérêt à la valorisation du patrimoine arabo-islamique, estimant que c’est pour cette raison que le patrimoine amazigh n’a pas été classé sur la liste nationale du patrimoine de l’Algérie.
Bouchiba souligne par ailleurs que les mécanismes de la protection du patrimoine culturel se ressemblent dans plusieurs pays arabes, appelant, dans ce sens, à accorder plus de prérogatives aux autorités municipales dans le domaine de la protection du patrimoine.
De se côté, la directrice de la cellule de la culture et du patrimoine au sein de l’ISESCO, Hayat Al Karmazi Ketat, a présenté le rôle de l’organisation dans la protection du patrimoine matériel. Elle a proposé d’identifier les données des pays arabes relatives au patrimoine matériel.
Elle appelle à renforcer le réseautage entre les compétences universitaires arabes en plus de la création d’une base de données unifiée autour du patrimoine architectural et urbain des pays arabes.
La directrice générale du patrimoine au sein du ministère tunisien des Affaires culturelles, Samia Hammami, a exposé dans son intervention la politique législative tunisienne dans le domaine de la protection du patrimoine matériel.
Pour le responsable du programme culturel de l’Unesco dans le Maghreb, Karim al-Handili, la protection du patrimoine doit être une responsabilité commune de plusieurs ministères en plus du ministère des affaires culturelles ainsi que la société civile.
Mettant l’accent sur les limites du cadre législatif dans le domaine de la protection du patrimoine matériel au niveau national, la conseillère au sein l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), Moufida Belghith, a cité la loi n°35 -1994 relative au code du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels en pointant les vides juridiques comme la mention seulement de la protection des sites archéologique protégés contre le délaissement des autres sites.
Elle recommande par ailleurs de fournir les ressources humaines et financières nécessaires à l’Institut national du patrimoine (INP) et de renforcer la sécurité des sites archéologiques en recrutant des agents de sécurité spécialisés.