Les participants au débat sur les mesures urgentes en faveur du secteur de la santé publique ont été unanimes, vendredi 22 mars, à souligner la nécessité de repenser le système de financement, d’instaurer une bonne gouvernance et d’améliorer la gestion des ressources humaines pour une remise à niveau des établissements hospitaliers.
Volet financement, la plupart des intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de réactiver au plus vite le “Fonds d’appui à la santé publique” annoncé depuis 2016 qui vise à créer des fonds afin de prendre en charge les frais des prestations hospitalières pour les détenteurs du carnet de soin gratuit et les bénéficiaires des cartes à tarif réduit.
Ainsi, le président de la Commission parlementaire de la santé, Souheil Alouini, propose d’instaurer des taxes sur le tabac et les boissons gazeuses, à l’origine des maladies vasculaires. Selon lui, les recettes fiscales pourraient aider à redresser le secteur.
Le président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, Jad Henchiri, appelle, quant à lui, à imposer la TVA sur les industries pharmaceutiques et les cliniques, soulignant que ces différentes mesures proposées sont à même de maîtriser l’hémorragie de la dette des établissements sanitaires publics.
S’agissant de la gouvernance, la députée d’Ennahdha et membre de la Commission parlementaire de la santé, Radhia Toumi, juge indispensable de digitaliser les services de santé afin de lutter contre la corruption et de protéger les dénonciateurs.
D’autres participants, à l’instar du membre de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, Zied Bouguerra, ont appelé à la nécessité d’accorder l’autonomie financière et administrative aux établissements hospitaliers.
Ainsi, la secrétaire générale du Syndicat des médecins hospitalo-universitaire, Habiba Mizouni, a souligné l’urgence de réviser le code des marchés publics qui, selon elle, ne prend pas en compte les spécificités du secteur de la santé.
D’autre part, la directrice des ressources humaines à la Direction générale des services communs au ministère de la Santé, Nozha Moussa, a fait savoir que 4.000 départs à la retraite ont été enregistrés au ministère de la Santé entre 2017 et 2018, lesquels n’ont pas été remplacés.
Le nombre du personnel médical n’a pas évolué contrairement au nombre du personnel administratif entre 2010 et 2018, déplorant le départ massif notamment des médecins spécialités universitaires et sanitaires et le désintérêt des médecins généralistes.
Elle a également pointé du doigt la démotivation, les absentéismes et les interruptions du service hospitalier, faisant savoir que 86450 congés de longue durée et 6000 absences irrégulières ont été enregistrées en 2018.
Le secrétaire général du Syndicat des médecins, pharmaciens et dentistes de la santé publique, Mohamed Hédi Souissi, estime que les conditions de travail défavorables dans les établissements publics sont à l’origine de ce désintéressement, ce qui pousse, selon lui, de nombreux médecins à quitter le pays.
D’autre part, les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité d’accélérer l’adoption du projet de loi sur la responsabilité médicale qui protège les corps médical et paramédical dans l’exercice de leurs fonctions.
Les différentes recommandations formulées par les participants à ce débat seront soumises au prochain conseil ministériel qui se tiendra mercredi 27 mars, a indiqué le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à l’ouverture de ce débat sur la santé publique.