“L’économie numérique, le secteur privé et l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) constituent des axes phares pour accélérer la croissance et réduire la pauvreté dans les pays africains”, a affirmé, lundi 25 mars, la secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe.
Intervenant à l’ouverture des travaux des sessions ministérielles de la 52ème conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique (COM2019) de la CEA, lundi à Marrakech, sur le thème “la politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique: Une stratégie pour l’Afrique”, Songwe a ajouté que les niveaux de croissance de l’Afrique restent inférieurs à ce qu’ils devraient être pour que le continent réalise les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.
Pour y parvenir, l’Afrique doit tripler le taux de croissance de 3,2% en 2018, ce qui nécessitera une augmentation des investissements et de la productivité.
Elle a souligné que la croissance devrait s’accélérer en 2019, pour s’établir à 3,4% en 2019, grâce au renforcement de la demande mondiale de produits africains, à la hausse des prix du pétrole et de la consommation privée, aux investissements soutenus dans les infrastructures et à la hausse de la production pétrolière.
Au sujet de l’économie numérique, Vera Songwe a affirmé que cet axe est prometteur en Afrique et a le potentiel de définir la voie que la transformation économique est susceptible de prendre.
L’économie numérique, dans plusieurs pays africains, est devenue, a-t-elle dit, l’un des principaux moteurs de la croissance, représentant plus de 5% du PIB.
De même, le commerce numérique en Afrique connaît une croissance rapide, à un taux annuel estimé à 40 %, et devrait atteindre plus de 300 milliards de dollars d’ici 2025.
La responsable de la CEA considère également que le secteur privé est le moteur de l’économie africaine surtout qu’il représente plus de 80% de la production totale, les deux tiers de l’investissement total et les trois quarts du crédit total à l’économie.
Elle a affirmé qu’il est nécessaire de faire davantage pour stimuler l’énorme potentiel du secteur privé africain afin de réaliser “l’Afrique que nous voulons”.
La secrétaire exécutive de la CEA a, en outre, avancé que la ZLECA, qui doit créer un marché intérieur de 1,2 milliard de dollars pour les biens et services produits sur le continent, offre d’énormes possibilités de création d’emplois, de croissance dynamique et d’autonomisation économique pour les femmes et les groupes marginalisés, tels que les réfugiés et les personnes déplacées.
Selon les estimations de la CEA, la ZLECA augmentera le commerce intra-africain de plus de 50%, le PIB du continent de plus de 40 milliards de dollars et les exportations de plus de 55 milliards de dollars.
La ZLECA rendra les économies africaines plus compétitives et permettra le développement et la mise à niveau des chaînes de valeur régionales et même contribuera à l’amélioration des résultats commerciaux et à l’aide des pays à s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales.
De son côté, la ministre de la Planification, du Suivi et de la Réforme administrative de l’Egypte, Hala El Said, a affirmé que la a Conférence annuelle des ministres des Finances, de la Planification et du Développement économique des pays africains est devenue un important forum de dialogue et d’échange d’expériences réussies entre les pays africains dans divers domaines du développement.
Elle a mis l’accent sur l’importance d’intensifier la coopération et l’intégration entre les pays africains pour atteindre les objectifs régionaux de l’Agenda 2063 pour l’Afrique et les objectifs de développement durable de l’ONU, surtout que le continent africain possède déjà de nombreuses ressources naturelles et humaines.
Le ministre des Finances et de l’Economie du Maroc, Mohamed Benchaaboun, a évoqué que les pays africains sont, aujourd’hui, appelés à assurer davantage une nouvelle dynamique de croissance à travers une approche concertée visant à réduire les inégalités économiques et spatiales.
Pour ce faire, il faut assurer un cadre économique simple et résilient en mettant en place des stratégies multisectorielles inclusives tout en veillant à assurer une approche gagnant-gagnant.
Benchaaboun a, également, évoqué qu’il faut concevoir aujourd’hui, une nouvelle génération de politiques économiques continentales sans compromettre les acquis et les fondamentaux globaux en vue de contribuer à construire l’Afrique de demain, autonome, stable et résiliente.
La conférence des ministres africains des Finances est marquée par la présence de la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, le vice-président du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) et plusieurs ministres des Finances et représentants des pays africains (Zambie, Sénégal, Algérie, Egypte, Mauritanie, Djibouti, Ethiopie…) et une absence remarquée de la Tunisie.
Au cours de ses sessions de deux jours, les ministres africains se pencheront sur les politiques fiscales nécessaires à la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030, et du programme de développement de l’Afrique, l’Agenda 2063, ainsi que le rôle du secteur privé à l’ère de l’économie numérique.
Cette conférence a été précédée par la tenue de la 38ème réunion du comité d’experts de la COM2019 ( 20 au 22 mars) qui a porté sur les politiques budgétaires, le commerce intra-africain, le secteur privé et l’économie numérique.
Créée en 1958, la CEA est l’une des cinq commissions régionales du Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies. Elle a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses Etats membres, d’encourager l’intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique.