Mme. Barbara Unmüßig, Présidente de la Fondation Heinrich Böll Stiftung, experte en politique internationale et activiste dans la société civile, a donné le mardi 19 mars 2019 une conférence dans le cadre de la troisième « Green Lecture » dont le thème était « Entre aspirations et réalités : la transition tunisienne dans un contexte de changement de l’ordre mondial ».
Devant un parterre composé de politiciens, d’activistes de la société civile et de journalistes, Barbara Unmüßig a mis en garde contre les dangers de « l’érosion du système multilatéral » dus à des dirigeants (Trump, Bolsonaro, Salvini…) dont les décisions populistes fragilisent l’équilibre mondial des nations en essayant de minimiser le rôle joué par les organisations internationales comme celles dépendantes des Nations Unies. Elle a mis l’accent sur les conséquences du changement de l’ordre mondial sur l’espace de dialogue pour la société civile, le « shrinking space », comment cela peut toucher les libertés individuelles et les droits humains.
Le panel, modéré par le Pr. Wahid Ferchichi, Professeur agrégé en droit public à la FSJPST, a débattu sur les conséquences de ce changement sur la Tunisie où les conventions internationales ratifiées sont fermement ancrées dans la hiérarchie juridique. Professeur émérite des universités, ancien doyen de la FSJPST, membre de l’Assemblée nationale constituante et actuellement maire de l’Ariana, le Pr. Fadhel Moussa a mis en exergue l’importance des conventions internationales dans le système des normes tunisien en prenant comme exemple les conventions environnementales à l’instar de la Convention des Nations Unies sur les Changements Climatiques, célèbre à travers « l’Accord de Paris ». Mme. Salsabil Klibi, enseignante universitaire à la FSJPST et spécialiste en droit constitutionnel, a évoqué la situation actuelle des droits humains dans le monde au regard du rétrécissement de l’espace de dialogue au sein de la société civile, lequel thème a été développé par M. Zied Boussen, consultant en gouvernance, politiques publiques et droits de l’Homme. Ce dernier a insisté sur les dangers de la réforme du cadre législatif régissant les associations et le verrouillage progressif qui risque de s’exercer sous couvert de lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme. Les panélistes ont convergé sur la nécessité de ne pas lâcher prise et de protéger les acquis existant en Tunisie en termes de défense des droits de l’Homme, de la femme ou de l’environnement.
L’objectif des « Green Lecture » est d’inviter des orateurs à partager avec nous leurs idées innovantes offrant des perspectives internationales et essayant de les cadrer avec le contexte tunisien. Les deux précédentes éditions ont permis d’écouter les idées de M. Ralf Fücks, ancien co-directeur de la Fondation Heinrich Böll et directeur du Centre pour la modernité libérale à Berlin, sur le thème « Des voies vers une modernité écologique », et du Pr. Michael Braungart, visionnaire et chimiste allemand, qui a présenté son concept « du berceau au berceau » sur l’élimination des déchets à travers une méthode innovante de conception des matériaux.
A propos : La Fondation Heinrich Böll, affiliée au parti vert allemand et présente en Tunisie depuis 2013, est un « think and dotank » traitant des réformes politiques et des visions vertes. Étant un réseau international, elle travaille à travers ses programmes et partenariats dans plus de 60 pays sur tous les continents, et met en avant cinq domaines fondamentaux : l’écologie, le développement durable, la démocratie, les droits humains et la justice sociale. La Fondation a ouvert 34 bureaux de liaison dans le monde.