Le ministère des Finances, en présence du gouverneur de la BCT, a signé, dans la soirée du mardi 26 mars 2019, un contrat de crédit par lequel 12 banques locales prêtent à l’État tunisien la somme de 356 millions d’euros sur une période de trois ans.
Il s’agit du deuxième prêt en devises fait par les banques tunisiennes à l’État tunisien en moins de deux ans. Le premier prêt était de 250 millions d’euros. Ce prêt appelle les remarques suivantes :
1- L’encours de crédits en dinars obtenus par l’État auprès des banques tunisiennes dépasse les 21 milliards de dinars, dont l’essentiel est refinancé par la BCT (planche à billets). Ceci a asséché la liquidité bancaire et a créé une crise de liquidité sans précédent dans l’histoire de la Tunisie. Ceci a aussi largement contribué à gonfler la masse monétaire et à attiser l’inflation.
2- Le prêt signé ce soir se fait à un taux d’intérêt qui ne répond à aucune logique financière. En effet, l’État tunisien a contracté un emprunt en novembre 2018 sur le marché financier international de 500 millions d’euros avec une marge de 6,75%. Alors que le prêt signé ce soir s’est fait à un taux d’intérêt de 2,25% avec des échéances annuelles, et 2,5% pour un remboursement en une échéance unique au terme des trois années.
Le même emprunteur (l’État) emprunte dans la même monnaie (euros) une fois à 6,75% + le taux du marché auprès du marché financier international et une fois à 2,25% auprès des banques tunisiennes. AUCUNE LOGIQUE FINANCIÈRE.
3- L’État s’oriente donc vers un assèchement de la liquidité en devises, après avoir asséché la liquidité en dinars. L’État et la BCT poussent ainsi les banques à s’installer dans leur confort de rentiers. Les banques préfèrent en effet prêter à l’État sans frais et sans provisions et à publier des résultants mirobolants dans une économie moribonde.
4- LA REMARQUE LA PLUS IMPORTANTE : les devises prêtées par les banques tunisiennes à l’État tunisien pour couvrir des dépenses budgétaires courantes, et non des investissements, proviennent des DÉPÔTS DES NON RÉSIDENTS (étrangers pour la plupart) auprès des banques tunisiennes.
5- Il s’agit là d’une fuite en avant très grave. Il suffit de rappeler que l’encours de la dette extérieure de la Tunisie a atteint (à fin 2018) plus de 93 milliards de dinars -oui je dis bien 93 milliards de dinars- en principal seulement, donc sans compter les intérêts. Ce chiffre représente environ 90% du PIB de la Tunisie.
Ces chiffres montrent que la dette extérieure de la Tunisie n’est probablement plus soutenable. Elle n’est donc plus remboursable dans les conditions normales.
Quel gâchis !!!