La rue la réclamait depuis plusieurs semaines. Eh ben, c’est fait depuis mardi 2 avril 2019 : le président algérien Abdelaziz Bouteflika a fini –si l’on peut dire- par présenter sa démission. Après 20 ans au pouvoir.

Jusque-là, tout va bien, ou presque. Mais bien malin qui sera à même de deviner la suite des événements, même si tous les partis politiques semblent prêcher pour la paix et l’entente nationales.

Rappelons cependant que les 20 années de pouvoir de Bouteflika ont laissé des plaies qui ne se refermeront pas facilement.

Et déjà, les manifestants algériens demandent non pas seulement la démission du vieux président, mais surtout ils veulent en finir avec le “système“. Et celui-ci ne sera pas facile à “éradiquer“ tant ses ramifications sont complexes et multiformes.

Donc, Abdelaziz Bouteflika a appliqué lui-même les dispositions de l’article 102 de la Constitution : “En cas de démission ou de décès du président de la Républiquele Conseil constitutionnel se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la présidence de la République. Il communique immédiatement l’acte de déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit. Quand l’état d’empêchement est déclaré par le Parlement, il charge le président du Conseil de la nation de la charge de chef de l’Etat intérimaire dont les attributions sont extrêmement verrouillées et non président de la République”.

De facto, Abdelkader Bensalah, le président de la chambre haute du Parlement, très proche de Bouteflika et pur produit du régime algérien, devrait, normalement, «…désormais assurer l’intérim pendant une durée maximum de 90 jours, jusqu’à la tenue d’élections».

Sa tâche ne sera pas facile car il dispose de prérogatives strictement encadrées par l’article 104 de la Constitution, à savoir : «il ne peut ni convoquer de référendum, ni nommer un gouvernement, ni dissoudre l’Assemblée populaire nationale, ni provoquer une révision constitutionnelle, ni décréter l’état d’urgence ou l’état d’exception, ni même déclarer la guerre sans approbation du Parlement siégeant en chambres réunies. Surtout, il ne peut pas se présenter à l’élection présidentielle qu’il est chargé d’organiser».

Et comme l’a souligné l’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie, cité par France Inter, «… les conditions de cette transition algérienne sont très particulières : soit le gouvernement actuel qui a été nommé par Abdelaziz Bouteflika (samedi 30 mars 2019, NDLR) continue de fonctionner et prépare la transition –ce qui va être très difficile. Soit c’est le président du Conseil de la nation, qui lui-même est très âgé et très fidèle de Bouteflika, qui organise cette transition par l’intermédiaire d’une conférence nationale».

Mais dans tous les cas de figure, «… cette transition devra, pour satisfaire les revendications des Algériens, aller dans le sens de davantage de démocratie…».

Pour le moment, on a vu un peuple algérien patriotique, civilisé, très déterminé mais non revanchard, sans débordements. Et c’est à saluer dans un pays du tiers mais surtout dans un pays arabe.

Donc wait and see !

TB