“Nous appliquerons la décision du tribunal administratif quelle qu’elle soit”, a souligné, vendredi 5 avril, Najmeddine Jouida, coordinateur général de l’union tunisienne des enseignants universitaires chercheurs tunisiens (IJABA).
Dans une déclaration à l’agence TAP, le responsable syndical a indiqué que l’Union a intenté un procès en urgence devant le tribunal administratif le 22 mars dernier et elle attend actuellement sa décision pour trancher dans la crise entre IJABA et le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Jouida a accusé le ministère de tutelle d’être responsable de cette crise qui s’est accentuée avec le gel des salaires des grévistes. Ces derniers défendent, selon la même source, leurs revendications légitimes.
“Lancé depuis le 25 mars dernier, notre sit-in se poursuivra à l’intérieur du ministère de l’enseignement supérieur tant que la décision abusive et illégale de gel des salaires des enseignants universitaires n’a pas été suspendue”, a-t-il dit.
Dans ce contexte, il a signalé qu’environ 200 policiers ont tenté, jeudi soir, de suspendre par la force le sit-in des enseignants universitaires qui ont tenu à poursuivre leur mouvement de protestation.
“Le ministère pouvait geler au moins une partie du salaire mais il a décidé d’aller plus loin en privant les enseignants universitaires de tous leurs droits y compris leur assurance maladie, ce qui est complètement illégal”, a-t-il indiqué.
Contacté par l’agence TAP, Driss Sayah, conseiller auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a souligné que si aucune solution n’a été trouvée avant la fin du mois d’avril en cours, le ministère sera obligé d’avoir recours aux solutions alternatives pédagogiques et légales, et ce après concertation avec le conseil des universités et des instances élues afin de préserver les droits des étudiants.
“Dans certains établissements d’enseignement supérieur, il existe des étudiants qui n’ont passé aucun examen depuis le début de l’année et c’est absolument inadmissible”, a-t-il dit.
Le responsable a précisé qu’ils sont environ 700 enseignants universitaires en grève, soit moins de 5% du total du cadre enseignant. Quelque 70 institutions supérieures et 10% des étudiants sont touchés par la grève des enseignants, selon la même source.
Sayah a souligné que le dialogue restera la meilleure solution pour sortir de la crise et terminer l’année universitaire dans de bonnes conditions.
Dans ce cadre, il a indiqué que le ministère avait reçu mercredi la commission de l’éducation, de la recherche scientifique, de la jeunesse et des affaires culturelles au parlement qui a proposé d’être le médiateur dans cette crise.
“Les députés ont approuvé les propositions du ministère qui appelle IJABA à reprendre le dialogue et à établir un calendrier des examens du premier semestre même si c’est à partir de la fin du mois d’avril en contrepartie du versement des salaires gelés des enseignants universitaires mais IJABA a refusé cette proposition”, a-t-il dit.
Selon lui, le gel des salaires a été décidé pour travail non accompli et après de longs mois de patience puisque ces enseignants universitaires ont boycotté les examens depuis le début de l’année.
S’agissant de l’assurance maladie, Sayah a souligné qu’en coordination avec le ministère des affaires sociales, cette problématique sera régularisée incessamment et les enseignants universitaires pourront utiliser normalement leurs carnets de soin.
D’après la même source, le ministère a aussi proposé la reprise des négociations et le démarrage de l’application de l’accord du 07 juin 2018 avec ses répercussions financières faisant remarquer que le ministère avait reporté les négociations avec IJABA au sujet du statut en attendant de consulter les autres parties concernées comme la Fédération générale de l’enseignement supérieur, les conseils scientifiques et le conseil des universités.
A noter que les enseignants universitaires chercheurs revendiquent essentiellement l’application de l’accord du 07 juin 2018 portant sur la révision du statut des enseignants universitaires et l’amélioration des conditions de travail ainsi que l’ouverture d’un concours de recrutement pour les titulaires de doctorat dans toutes les spécialités et selon les besoins des établissements d’enseignement supérieur.