“La Tunisie a un énorme potentiel en bio, mais elle accuse un déficit en matière de promotion de ses produits et de son savoir-faire en la matière, en Europe et particulièrement en Suisse. Venez donc nous montrer ce que vous savez faire ! Venez séduire nos consommateurs”, tel est le message de l’ambassadeur suisse en Tunisie, Etienne Thévoz, aux responsables et professionnels tunisiens du BIO.
L’ambassadeur, qui participait à un débat autour du thème ” Le marché Bio en Suisse et en Europe et le potentiel tunisien, organisé vendredi à Tunis, par le Conseil des chambres mixtes de Tunisie, a aussi, fait savoir que la Suisse est le pays qui consomme le plus de produits bio par habitant et que le chiffre d’affaires du marché bio s’y établit à 2,4 milliards d’euros.
Il a rappelé que ce marché est des plus exigeants en termes de conformité aux normes.
Intervenant, le consultant international en produits Bio, Udo Bürk, a souligné que “chez plusieurs suisses, la Tunisie est toujours associée à l’image du désert, des chameaux et des plages. Parmi les produits Bio que vous commercialisez, on ne connait pratiquement que l’huile d’olive et les dattes. Un effort en marketing est nécessaire pour améliorer le positionnement de la Tunisie, sur le marché bio mondial en général et suisse en particulier”.
Ce constat de déficit d’image n’était pas très partagé par les responsables tunisiens présents. Ainsi le ministre de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Samir Taïeb, a tenu à rappeler que “la Tunisie est le premier pays africain et arabe ayant mis en place une réglementation spécifique à l’agriculture biologique depuis 1999. Elle occupe, par ailleurs, le 1er rang africain en superficies agricoles biologiques et le 23ème rang mondial sur 181 pays pratiquant le bio”.
Elle est aussi le 1er pays mondial en terme de superficies oléicoles biologiques”.
Il a encore affirmé que “la Tunisie est aussi l’unique pays africain et arabe qui bénéficie de la reconnaissance d’équivalence avec l’Union européenne pour l’exportation des produits biologiques et ce depuis 2009. Elle bénéficie également de la reconnaissance avec la Suisse depuis 2011 et de la reconduction indéterminée sur ce marché depuis juin 2015”.
Et de poursuivre “avec près de 8.000 intervenants dans le secteur de l’agriculture biologique et plus de 336.000 ha de superficies certifiées bio, la Tunisie a réussi à réaliser un chiffre d’affaires de près de 700 millions de dinars à travers l’exportation notamment de l’huile d’olive et de dattes, mais aussi de 60 autres produits bio”.
“La vision 2030 et la stratégie 2016-2020 pour le bio visent à bâtir un modèle bio tunisien via le développement de 5 bio territoires pilotes, de 20 filières de l’agriculture biologique et de 24 circuits de bio-tourisme”.
De son côté, le président de la chambre syndicale des exportateurs de l’huile d’olive, Abdessalem Eloued, a affirmé que ” l’image folklorique des chameaux et des plages est une fierté pour les tunisiens, mais elle ne traduit aucunement le présent du pays qui enregistre des avancées énormes notamment en matière d’agriculture biologique”.
Il a, toutefois, considéré que le renforcement des exportations bio vers le marché suisse dépend fortement de la révision de certains accords commerciaux notamment celui qui régit l’exportation de l’huile d’olive.
“Nous avons négocié avec les suisses un contingent annuel de 1.000 tonnes d’huile d’olive mais nous n’arrivons à exporter réellement que 200 à 300 tonnes à cause de certaines barrières tarifaires relatives notamment à l’emballage. Nous avons revendiqué depuis 2012, la révision de cet accord qui engendre un manque à gagner pour nous, de plus de 10 millions de dinars annuellement mais rien n’a été fait dans ce sens”.
Eloued a également exhorté les professionnels du bio à se regrouper dans des chambres et des groupement professionnels à l’instar des filières de l’huile d’olive et des dattes, à travailler plus sur la certification et à veiller à une meilleure valeur ajoutée de leur produits.