Il aura tenu le Soudan des mains de fer pendant 30 ans, de 1989 à 2019. Contesté par la rue depuis pratiquement trois, Omar el-Bechir “a démission“ disent certaines sources –mais déposé par des militaires, selon d’autres-, ce jeudi 11 avril 2019.
«Militaire de formation, il combat aux côtés des Egyptiens durant la guerre du Kippour en 1973. Devenu colonel, il renverse le pouvoir en place en 1989 à Khartoum, fait interdire tous les partis et instaure un nouveau code légal islamique. Il s’autoproclame président de la République en 1993 avant de se faire élire en 1996 puis en 2010», rappelle Jeune afrique.
A noter que depuis plusieurs années, le président soudanais est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI), pour crimes de guerre présumés au Darfour. Ce qui fait que ses déplacements sont très limités, ne visitant du reste que des pays “amis“ (Arabie saoudite, Syrie, Afrique du Sud). Autant dire qu’Omar el-Bechir ne risque pas d’être traduit en justice même si c’est un coup d’Etat qui l’a renversé.
Durant ces trois derniers mois, la crise politique, sociale et économique) au Soudan s’est peu à peu muée en “intifada massive“, un terme très cher aux Palestiniens même s’il n’a pas la même signification au Soudan et en Palestine.
Au fil des années, le colonel El-Bechir s’est fait bien évidemment un tas d’ennemis, ce qui fait qu’aujourd’hui il s’est entouré d’un petit noyau composé de militaires, essentiellement issus du coup d’Etat de 1989.
Jeune Afrique écrit : «… Mais le camp des sécuritaires est loin d ‘être parfaitement uni. Il y a les gradés des Forces rapides de soutien, les chefs des organisations paramilitaires ou encore des milices –plus ou moins islamistes– qui sévissent dans le Darfour et le Kordofan, les cadres des services secrets ou encore ceux des Forces aériennes… Et tous n’ont pas le même agenda en tête».
On se rappelle qu’il y a quelques jours, Sadeq El Mahdi –qu’il a justement renversé en 1989- a appelé le chef de l’Etat soudanais à démissionner. Et si l’on est arrivé là aujourd’hui au Soudan, c’est qu’il y a des indices qui ne trompent pas.
Omar el-Bechir a vu ses soutiens politiques s’effriter au cours des trois dernières années. En effet, «des membres de confréries ont participé aux manifestations. Les “tourabistes“ purs –du nom de l’ancien président Hassan Abdallah al-Tourabi-, ont pour certains basculé du côté de l’opposition», écrit Jeune Afrique.
Aujourd’hui –enfin jusqu’à hier- les “fidèles“ d’el-Bechir se nommaient Salah Gosh (chef des Moukhabarat –les services des renseignements soudanais), Kamal Abdul Maarouf (le chef des armées, le politique impitoyable), Abdel Rahim Mohammed Hussein (patron de l’Autorité nationale de l’investissement…), Faisal Hassan Ibrahim (le diplomate de l’ombre, «l’assistant du président», et joue donc un rôle clé important sur le plan diplomatique), et Ali Osman Taha (proche des milices islamistes, ancien vice-président…).
Tout ceci pour dire que les exemples algérien et soudanais serviront de leçon aux autres dirigeants (arabes et africains) qui s’accrochent au pouvoir… contre vents et marées. Car tout a une fin dans ce monde. Et il serait bon de ne pas abuser du pouvoir, parce que le retour du bâton peut être destructeur.