Les cimentiers tunisiens ont signé, mardi 16 avril 2019, la charte sur le développement durable et la responsabilité sociétale qui prévoit l’exploitation de nouvelles énergies et des combustibles alternatifs produits à travers la valorisation des déchets.
“Les industriels de 9 cimenteries, signataires de cette charte, seront amenés à utiliser les déchets et à valoriser les produits non recyclables et non réutilisables en tant que combustible alternatif”, a expliqué le président de la L’UTICA, Samir Majoul.
Selon Majoul s’exprimait lors d’une journée organisée au siège du patronat, sur le thème ” La contribution de l’industrie cimentière tunisienne au développement durable à travers la valorisation des produits ni recyclables ni réutilisables “. Il a notamment souligné que cette nouvelle approche est de nature à améliorer la compétitivité du secteur et réduire le coût d’importation du Pet coke (un combustible solide pour centrales thermiques ou cimenteries comparé au charbon) estimé à 350 millions de dinars en 2019. En même temps, l’exportation pourrait croître et générer un montant de 400 millions de dinars par an.
Première du genre, a-t-il souligné, cette charte fixera les engagements des cimentiers pour promouvoir leurs systèmes de management environnemental conformément aux standards écologiques internationaux, préserver les ressources naturelles et valoriser leurs déchets et résidus.
Et d’ajouter que ce document vient réaffirmer “l’engagement du patronat tunisien visant à faire de l’environnement une composante essentielle du processus de développement industriel”.
D’après lui, le renforcement de la responsabilité sociétale, prévu par cette charte, permettra la création de 1000 emplois directs et 8000 indirects.
S’appuyant sur les récentes études menées par l’Agence de Coopération Allemande (GIZ) et l’Agence Nationale de Maitrise de l’Energie (ANME), le président de l’UTICA a indiqué que le secteur pourrait absorber 400 mille tonnes par an des combustibles alternatifs.
“Cette nouvelle approche permettra au secteur d’envisager d’ici 2030 un taux de substitution de 30%, valorisant ainsi 3 millions de tonnes de déchets traités et transformés en combustibles alternatifs” , a-t-il déclaré, ajoutant que cela générera des gains de plus de 90 millions par an.
Le ministre de l’Industrie et des PME, Slim Feriani a, pour sa part, souligné que l’énergie représente 40% des coûts de production du ciment, jugeant indispensable d’insérer ce secteur dans la stratégie nationale de protection de l’environnement et de réduction de l’intensité carbone de sa production.
Le représentant de la chambre nationale des industriels du ciment et directeur général de Carthage Cement, Ibrahim Sanaa a souligné la prédisposition des cimentiers à valoriser les déchets solides en tant que combustible alternatif de production, expliquant que cela pourrait réduire les déchets et en faire ainsi une source de richesse.
Il a ajouté que la valorisation des déchets permettra aux usines de ciment de réduire de 10% le coût de l’énergie utilisée annuellement pour la production.
L’expert auprès de la GIZ, Seif Derouiche a déclaré à la TAP que son agence a consacré une enveloppe moyennant 3 millions d’euros afin d’appuyer les cimentiers dans l’utilisation des technologies innovantes pour la valorisation des déchets en tant que sources d’énergie.
La Tunisie enregistre depuis le début des années 2000 un déficit croissant de sa balance énergétique, induisant une amplification de sa dépendance énergétique, doublé d’un alourdissement du déficit de la balance des paiements.
Moyennant un engagement résolu du secteur, les combustibles alternatifs pourraient représenter plus de 30% du mix thermique du secteur cimentier à l’horizon 2030, totalisant environ 450.000 tonnes équivalents pétrole, représentant – à la valeur actuelle du pet coke- l’équivalent de 200 millions de dinars en devises économisées.
Le secteur du ciment tunisien représente une industrie stratégique pour les secteurs du bâtiment et de l’infrastructure. Avec 9 usines, dont une pour le ciment blanc, réparties sur tout le territoire tunisien, le secteur dispose d’une capacité de production de 12.5 millions de tonnes de ciment par an et capitalise 3500 emplois directs et plus de 20.000 emplois indirects.