La présence du Centre culturel des arts et métiers de Jebel Semmama dans le cadre d’une rencontre autour de la littérature pastorale, organisée lors de la 35ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis, a été l’occasion pour l’activiste culturel, Adnen Helali, d’annoncer le lancement du projet de la maison d’édition “Les éditions Semmama”.
Dans une interview accordée à l’agence Tunis Afrique Presse, Adnen Helali a indiqué à ce sujet que l’équipe du Centre culturel des arts et métiers de Jebel Semmama élabore actuellement le cahier des charges pour la création de ladite maison d’édition dont l’objectif est d’appuyer le projet culturel de Jebel Semmama.
Il a assuré que l’équipe œuvrera pour que les premières publications des éditions Semmama soient présentes lors de la 36ème édition de la foire du livre.
Première maison d’édition du centre-ouest
Adnen Helali a souligné la création d’une maison d’édition s’est imposée à Kasserine, terre de l’Alfa et du papier, et que celle-ci sera la première à voir le jour à Kasserine et au centre-ouest.
Parlant des objectifs de la maison d’édition, Helali a fait savoir que les éditions Semmama permettront de faire connaître les écrivains, les poètes et les talents de la région en les encourageant à publier.
La maison d’édition aura aussi pour mission de collecter les anciens écrits et la documentation ainsi que le patrimoine oral de la région (poésie, chant, littérature), a-t-il précisé, soulignant au passage que plusieurs anciens documents ainsi que le patrimoine oral mériteront d’être préservés et publiés.
Les éditions Semmama auront aussi pour objectif de mettre en avant les caractéristiques naturelles de la région, ses circuits et son histoire depuis la chute du général Rommel au cours de la Seconde Guerre mondiale lors de la bataille de Kasserine, a indiqué Helali.
Concernant la création du centre culturel de Semma, Helali a mis l’accent sur le fait que ce projet doit être généralisé dans toutes les montagnes de la Tunisie, appelant à encourager les initiatives culturelles dans les montagnes, à l’instar de Ouergha (Le Kef) ou Kroumirie (Jendouba) afin d’animer ces régions enclavées dans le cadre d’un programme alternatif culturel spécifique aux régions montagneuses de la Tunisie.
La Fête des bergers pour préserver la mémoire des habitants de la montagne
Accompagné par les invités de la 8ème édition de la Fête des bergers (7-8-9 avril 2019), la 35ème édition de la foire du livre a été l’occasion pour Adnen Helali de mettre la lumière sur la portée littéraire et artistique du festival au-delà de sa portée folklorique.
Pour Helali, le festival permet de préserver la mémoire de la population des montagnes et leurs traditions.
Selon cet activiste culturel, la couverture médiatique du Festival des bergers reste insuffisante d’où la nécessité d’écrire pour témoigner et transcrire l’épopée des bergers de Semmama qui restent attachés à leurs terre malgré la pauvreté et le terrorisme.
” La littérature pastorale est aussi un moyen de préserver la mémoire et de transcrire les récits et les préoccupations des bergers “, a-t-il expliqué.
Un soutien local et étranger au projet culturel Semmama
Helali tient à saluer le soutien local et étranger pour la mise en œuvre du Centre culturel de Semmama ou encore celui de l’Ordre des avocats à Kasserine, principal parrain de la Fête des bergers.
Il a aussi souligné que plusieurs diplomates étrangers ont pris part à ce projet, à l’instar de l’ambassade de Suisse en Tunisie qui a programmé pour la première fois depuis le début des relations diplomatiques tuniso-suisses un spectacle dans tout le gouvernorat de Kasserine et ceci à l’occasion de la fête de la journée mondiale de la langue française célébrée le 19 mars de chaque année.
En outre, Helali a fait savoir qu’un club des amis de Semmama a été crée dans la ville de Gérone en Catalogne (nord-est d’Espagne), rappelant que depuis son ouverture, le 20 octobre 2018, le Centre culturel des arts et métiers de Jebel Semmama a accueilli plusieurs délégations diplomatiques et de troupes artistiques de plus de 20 pays.
Une animation culturelle et économique de la ville
Financé par la Fondation Rambourg à hauteur de 1,5 million de dinars, le Centre culturel bâti sur la colline “Mahmoud Darouiche” à Jebel Semmama est devenu progressivement au niveau local une véritable bouffée d’oxygène pour les familles et les habitants de la région, a déclaré Helali. L’équipe du centre propose des activités culturelles durant les week-end avec des animations théâtrales et cinématographiques pour les enfants et les familles pour les dimanches.
Tout en soulignant l’appui financier du ministère des Affaires culturelles pour la Festival des bergers, l’activiste culturel a indiqué que le ministère de tourisme a aussi appuyé le festival en prenant en charge le coût des billets et de l’hébergement des invités.
Pendant le festival, les trois unités touristiques de la région n’ont pas pu accueillir tous les invités, selon Helali, au point que les organisateurs ont eu recours à l’aide des habitants et amis pour héberger les visiteurs.
“Il est vrai que le festival se passe dans la montagne mais il est devenu au fil des éditions une source d’animation économique de la ville de Sbeïtla”, s’est-il encore félicité.
Evoquant les résidences artistiques dont le centre peut abriter, Adnen Helali a souligné que le festival a hébergé depuis la 4ème édition une résidence artistique chez les habitants, estimant à ce sujet que cette expérience a été réussie car elle a permis aux habitants locaux de tisser de nouvelles relations avec les habitants des autres régions.
Situé sur une superficie d’un hectare et demi, le projet culturel du centre Semmama avance à petit pas, se réjouit Helali. “Après la mise en place du centre culturel sur un demi-hectare pour une superficie totale de un hectare et demi, notre rêve se poursuit et on projette dans une seconde étape d’établir dans la superficie restante une usine de fabrication de fromage et d’une résidence artistique”, a-t-il indiqué en conclusion.