La politique d’atermoiement adoptée par le gouvernement actuel dans l’activation de la convention collective des journalistes tunisiens risque de nous faire perdre les 25 points gagnés dans le classement de Reporters Sans Frontières (RSF) au titre de 2019.
Ceci dit, nous rappellerons qu’aucune position en la matière n’est acquise pour toujours, c’est un jeu de balancier: aujourd’hui on 72e, l’année prochaine on pourrait être 50e, 80e ou 150e.
C’est ce qu’a indiqué, jeudi 18 avril, Fahem Boukadous, membre du bureau exécutif du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
On peut croire que nous journalistes ne voulons pas que la Tunisie soit bien classée en matière de liberté de presse. On ne sait pour quelle raison du reste. Et c’est regrettable!
Fahem Boukadous s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Tunis pour la présentation du classement mondial de la liberté de la presse réalisé par RSF pour 2019.
La Tunisie occupe le 72e rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF pour l’année 2019. En 2018, la Tunisie occupait la 97ème position dans ce classement.
La progression de la Tunisie de 25 places par rapport à l’année dernière est due, notamment, à la détérioration de la situation de la liberté de la presse dans la région et dans le monde, a expliqué le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaib Khayati.
” Certes, il y a eu progression de 25 points, mais la Tunisie n’a pas encore atteint la zone des pays où la situation de la liberté de la presse est bonne “.
En effet, a-t-il dit, les journalistes, dans le monde mais aussi en Tunisie, ont droit à la liberté éditoriale. Cette liberté fait face à plusieurs défis, notamment la situation socioéconomique ou encore la répression administrative lors de la couverture des mouvements sociaux.
Selon lui, la situation en Tunisie est favorable par rapport à d’autres pays du monde mais des réformes restent à concrétiser. ” Les journalistes en Tunisie font face à des défis d’ordre notamment législatif “, a-t-il précisé. Pour lui, ces défis consistent à améliorer le cadre législatif de la liberté de la presse et de concrétiser la mise en place des instances de régulation, notamment l’Instance de la communication audiovisuelle en la dotant de garanties nécessaires, dont l’indépendance financière.
” L’amélioration du cadre législatif passe essentiellement par le remplacement du décret-loi 2011-115 et le décret-loi 2011-116 relatifs notamment à la liberté de la presse et de la communication audiovisuelle, par des lois organiques “, a-t-il estimé, appelant la présidence du gouvernement à accélérer l’adoption du projet de loi relatif à l’édition et l’impression élaboré par plusieurs composantes de la société civile nationale et internationale.
Des conférences de presse pour la présentation des résultats du classement mondial de la liberté de la presse pour 2019 se tiennent, parallèlement, dans 10 pays à travers le monde. La Tunisie est le seul pays au Maghreb et dans le monde arabe à organiser aujourd’hui une conférence de presse à cet effet.
L’édition 2019 du rapport RSF sur le classement mondial de la liberté de la presse a signalé une montée de la haine qui a dégénéré en violence contre les journalistes.
Au classement 2019, la Norvège conserve pour la troisième année consécutive son premier rang, tandis que la Finlande retrouve la deuxième position. Le Turkménistan (180e) occupe désormais le dernier rang.