Même s’il se félicite de l’adaptation de l’administration tunisienne, le promoteur de la cimenterie d’Ain Saf Saf estime que certains textes de lois n’ont plus de raison d’être en raison de leur inadéquation aux besoins de l’économie et à la création de la richesse.
WMC : L’investissement en Tunisie n’est pas un acte aisé. A quel genre de difficultés avez-vous été confronté ?
Hannibal Jegham : Je préfère répondre brièvement à cette question en rappelant cette citation de Winston Churchill : « un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit une opportunité dans chaque difficulté ».
WMC Vous avez longtemps vécu à l’étranger. Comment avez-vous trouvé l’administration tunisienne avec laquelle vous avez dialogué et traité pour les besoins de votre projet ?
H.J. : Il y a quatre ans, un haut responsable au ministère de l’Industrie et des PME, constatant l’énergie et la persévérance déployées pour la concrétisation de ce projet, m’a dit : « Tout ça est bien beau et respectable, mais la loi n’autorise pas une deuxième cimenterie dans ce gouvernorat. Donc, ce que vous faites est du gâchis ». Aujourd’hui, je réponds : it’s done (c’est fait). Grâce à la volonté réelle du ministre Slim Feriani, de ses prédécesseurs (Imed Hammami et de Zied Ladhari), et du chef de cabinet M.Taoufik Abess, la réglementation a pu être remodelée.
C’est un motif d’espoir pour notre Tunisie, verrouillée par une armada des lois organiques, dépassées et obsolètes qui, tôt au tard, vont devoir être remodelées ou abandonnées en raison de leur inadéquation aux besoins de l’économie et à la création de la richesse.
L’administration a déjà fait preuve d’adaptation et d’évolution, dans ce dossier, alors, je ne pourrais qu’être fier et optimiste pour l’avenir.
WMC : Quel est le planning de la mise en œuvre de votre projet jusqu’à l’entrée en production ?
H.J. : Le projet consiste à construire une unité de production de ciment avec une capacité de 1,2 million de tonnes à commercialiser sur le marché local avec un taux de 30% et exporter les 70% restants.
Nous envisageons l’installation d’une firme photovoltaïque, avec une technologie de pointe de stockage d’énergie électrique, assurant les 23 MW de la cimenterie. Et pour préserver l’environnement, nous installerons les équipements de filtration les plus modernes et selon les critères les plus sévères.
Le filtre commun du four, refroidisseur et broyeur cru est un filtre à manches qui doit fonctionner pour donner un taux d’émission de poussières de 10 mg/Nm3. C’est un niveau qui est plus que conforme à la norme tunisienne et européenne.
Toutes les études nécessaires au projet ont déjà été sont réalisées et approuvées. Les travaux de génie civil seront lancés fin 2019. Et la première flamme du pré-calcinateur de la cimenterie « Cement Ain Saf Saf », donnant le coup d’envoi au démarrage du processus de production, serait approximativement vers avril 2021.
Propos recueillis par Moncef