Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a tenu, mercredi 24 avril à Tunis, un point de presse pour faire l’état des lieux de la situation des réfugiés et demandeurs d’asile en Tunisie, plus particulièrement dans le centre d’accueil des réfugiés situé au Sud du pays.
L’envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée, Vincent Cochetel, a indiqué à cet effet que le nombre total des réfugiés et demandeurs d’asile en Tunisie à la date du 31 mars 2019, est de 1 792 répartis entre 1 581 demandeurs d’asile et 211 réfugiés, soulignant que la plupart sont des ressortissants syriens (1031), le reste provient de l’Erythrée, de l’Ethiopie, de la Somalie, du Soudan, de l’Irak, du Yémen, de la Palestine et du Cameroun.
Il a ajouté que la HCR recense, actuellement, l’afflux de 10 demandeurs d’asile par semaine en moyenne, pris en charge par un système de réception qui a été mis en place en collaboration avec les autorités locales et le croissant rouge tunisien, ainsi qu’avec d’autres partenaires.
Cochetel, qui s’est déplacé récemment au centre de réception “Ibn Khaldoun” à Médenine, a indiqué que la situation était tendue, rapportant que des bagarres ont éclaté entre les demandeurs d’asile du centre en question, au nombre de 486, et des habitants de la région, “en raison de quelques pratiques jugées incompatibles avec les mœurs locales”.
Commentant cet incident, Cochetel a indiqué que “le centre n’a jamais été conçu pour accueillir autant de personnes, et qu’en plus certains arrivent directement des centres de détention en Libye. Plusieurs d’entre eux étaient capturés par des trafiquants d’être humains et d’autres détenus dans des prisons libyennes et présentent, par conséquent, un profil psychologique assez fragile”. Ces derniers, doivent, cependant, a-t-il dit, respecter les lois et les traditions du pays d’accueil.
il a déclaré, à cet effet, que cette situation a poussé certains de ces demandeurs d’asile à quitter Médenine pour venir camper devant le siège du HCR à Tunis, proférant toutes sortes de menaces et revendiquant leur relocalisation vers des pays européens.
Cochetel a souligné qu’il faut réfléchir à mieux répartir les demandeurs d’asile pour éviter “une concentration de gens traumatisés dans le même espace”, a-t-il dit.
L’envoyé spécial de la UNHCR a expliqué que la tension observée est attribuable également aux attentes de certains demandeurs d’asile qui veulent absolument partir en Europe, n’acceptant de retourner dans leurs pays d’origine et refusant de rester une Tunisie”.
Il estime que, désormais, les inquiétudes viennent du côté libyen où cinq centres de détention localisés à proximité des zones de combat à Tripoli ont été fermés par les autorités libyennes d’une façon arbitraire, avec des réfugiés qui ont été pris en otage, ajoutant que le HCR cherche des solutions d’évacuation et négocie une sorte de corridor humanitaire pour les évacuer vers le Niger et d’autres pays de la région.
Cochetel a en outre indiqué que même s’il n’y aura pas d’afflux massif des réfugiés vers la Tunisie comme c’était le cas en 2011, “il faudrait se préparer au pire en espérant qu’il ne se produise pas”.
Il a déclaré qu’un plan de contingence a été élaboré avec les différents ministères tunisiens pour exploiter certains espaces (stades, foyers universitaires, etc.) dans l’accueil d’éventuels réfugiés.