Les participants à la conférence débat sur “Les perspectives de l’E-commerce en Tunisie” ont été unanimes, mercredi soir (24 avril), pour souligner la nécessité de réformer le code des changes qui demeure, selon eux, l’un des principaux obstacles entravant le développement de ce secteur.
“Cette loi empêche, aujourd’hui, les opérateurs locaux d’acquérir facilement du trafic sur les plateformes internationales pour faire connaître leurs sites de vente en ligne”, a expliqué Khalil Talbi, président du Syndicat de l’e-Commerce et de la vente à distance (SEVAD), lors de ce débat tenu à Tunis.
“De surcroît, a-t-il ajouté, le plafond annuel de la carte technologique internationale “CTI” utilisée par les entreprises pour réaliser ce type de transactions reste dérisoire (100 mille dinars tunisiens).
L’inclusion financière constitue également, selon lui, un frein à l’impulsion du secteur du commerce électronique : “90% des entreprises effectuent leurs transactions en ligne à travers le cash on delivery (paiement en espèces à la livraison) car le paiement électronique n’est pas encore généralisé en Tunisie”. Ce mode d’encaissement coûte plus cher aux entreprises.
La problématique liée à la confiance a été également soulevée par la plupart des participants de ce débat organisé par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) en partenariat avec le SEVAD.
Pour le président du SEVAD, les consommateurs ne font pas confiance aux modes de paiement, outre le fait qu’ils font preuve d’appréhension à l’égard des opérateurs. “Le client préfère faire ses achats en boutique, c’est beaucoup plus simple et sécurisé”.
Le chef de cabinet du ministre du Commerce a, dans ce sens, appelé l’ensemble des sites de vente en ligne à adhérer au label confiance, lancé en octobre 2018, en vertu d’un accord signé entre l’Institut national de la consommation (INC), l’Organisation de défense du consommateur (ODC) et le SEVAD).
Ce label, a-t-il expliqué, est octroyé à tout site marchand tunisien répondant à une série de critères de transparence et de sécurité (données personnelles bancaires), et offrant un service de qualité (délais de livraison acceptable, frais de livraison non coûteux, services après-vente…).
Le ministère s’emploiera, en collaboration avec la Banque centrale de Tunisie (BCT), à améliorer les modes de paiement électroniques.
Pour le président de la CTFCI, Foued Lakhoua, ces différents obstacles rendent le positionnement de la Tunisie en matière d’e-commerce à l’échelle mondiale (79e pays), arabe (10ème pays) et africaine (4ème pays) “très peu flatteur”.
Il a, à cet égard, appelé à la nécessité de lever les verrous qui bloquent ce secteur et de prendre l’exemple du Kenya, premier pays au monde à avoir développé le paiement mobile.