Les politologues et analystes qui se sont penchés sur la mondialisation du djihad et sur les rares pays qui sont parvenus à combattre avec efficacité les mouvements qui le représentent, en l’occurrence, Al-Qaïda, Daech, Bako Harem, citent en bonne place le Maroc. De par les résultats positifs obtenus, l’expertise développée par ce pays en matière de gestion du milieu religieux est, de plus en plus, retenue comme la solution la mieux indiquée pour se prémunir contre cette idéologie violente.
Chronique d’une success story.
Contrôle et sanction
«Le champ religieux est très encadré au Maroc, et les prêches, notamment ceux du vendredi, sont transmis par le ministère à tous les imams marocains et doivent s’y tenir sous peine de sanction», notent les observateurs des lieux du culte marocain.
Pour preuve, ces deux récents cas rapportés par les médias marocains :
Au mois de janvier 2019, l’imam de la mosquée Chouhada à Rabat, Mohamed Al Amrani, a été limogé par le ministère des Habous et des Affaires islamiques, pour avoir enfreint les règles régissant son métier.
Plus exactement, le 28 décembre 2018, il a qualifié les festivités du Nouvel An de pêché et d’hérésie. Pour les autorités, il «s’est opposé à l’esprit de tolérance et de coexistence des religions».
En mai 2018, l’imam de la mosquée Ibrahim Al-Khalil à Salé a été sanctionné pour avoir pris position en faveur des partisans du boycott de certaines marques et la cherté de ces produits. Malgré ses excuses, le prédicateur a été limogé d’autant plus, estime le ministère (cité par les médias), qu’«il avait été rappelé à l’ordre plusieurs fois dans le passé».
L’islam marocain s’exporte bien
Bénéficiant de la stabilité institutionnelle que favorise le régime monarchique, les Marocains se sont employés à exporter la spécificité religieuse marocaine à l’étranger et à en faire profiter les pays amis et frères qui le demandent.
Cette expérience est exportée vers l’Europe. A titre indicatif, il y a lieu de citer le Conseil européen des oulémas marocains, créé en septembre 2009. Ce Conseil veille sur la préservation de l’identité religieuse et culturelle de la communauté marocaine installée en Europe.
A Rabat, l’Institut Mohammed-VI forme des étudiants venus de France pour devenir des cadres du culte musulman.
Les relations religieuses avec les pays africains ont été aussi renforcées avec les formations dispensées au profit des imams et des étudiants au sein de l’institut Mohammed de formation des imams (morchidines et morchidates).
A titre d’exemple, en vertu d’une convention conclue avec un pays musulman comme le Mali, le Maroc s’était engagé, depuis 2014, à former et à accueillir cinq cents imams maliens sur cinq ans. «Le but est de former des imams authentiques sur la base de l’islam malékite, ouvert et tolérant», insistent les Marocains.
Un bon exemple à suivre
Quant à nous, nous pensons que la Tunisie, pays confronté au terrorisme de groupes djihadistes wahhabites (Daech et Al Qaïda), sur ses flancs ouest et sud-est, gagnerait à s’en inspirer. Elle peut ainsi imposer un contrôle strict sur les prêches dans les mosquées et sur l’enseignement dispensé dans les écoles coraniques en faisant prévaloir l’article 6 de la Constitution.
Cet articule est écrit par coïncidence dans l’esprit et la lettre de la spécificité religieuse marocaine. Il stipule que «L’État est gardien de la religion. Il garantit la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes; il est le garant de la neutralité des mosquées et lieux de culte par rapport à toute instrumentalisation partisane. L’Etat s’engage à diffuser les valeurs de modération et de tolérance, à protéger les sacrés et à interdire d’y porter atteinte, comme il s’engage à interdire les campagnes d’accusation d’apostasie et l’incitation à la haine et à la violence. Il s’engage également à s’y opposer».
Cela pour dire au final qu’il suffit d’avoir de la volonté. On l’aura dit.
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